Après un an de prises de vues dans le plus grand secret, je dévoile les photographies de ma série « Carbone 214 ».
Il s’agit d’un projet artistique et documentaire ayant pour sujet la forêt brûlée de la Teste de Buch, après les terribles incendies de juillet 2022.
D’abord réaliser un instantané de ce qu’il restait de cette forêt avant les grands travaux de coupes et de nettoyage, et bien sûr documenter ce gigantesque chantier jusqu’au résultat final: un paysage de désolation auquel il va falloir maintenant redonner vie.
Je me suis donc rendu plusieurs fois par mois pendant un an au coeur de la forêt usagère en me concentrant tout particulièrement autour de la fameuse « piste 214 », cette route à partir de laquelle ce dramatique incendie a démarré, causé par un véhicule utilitaire en feu.
Très vite, j’ai compris que mes sessions ne devaient pas durer plus d’une heure ou deux, car le sujet offrait assez peu de diversité. Partout autour de moi, des arbres calcinés, des troncs rongés par les flammes, et des murs de billots entassés les uns sur les autres, avant d’être évacués par des dizaines de camions dans un va et vient interminable.
Un spectacle de catastrophe naturelle ou de bombardement, duquel il faut s’extraire rapidement pour ne pas sombrer dans la dépression, tant la perte est difficile à supporter.
Au fil des mois et des saisons, pins après pins, chênes après chênes, cette forêt naturelle, autrefois dense et précieuse, laissait place au vide, comme tondue.
Il faut se souvenir de cette piste 214, surnommée par les locaux « la route des sénégalais » (en référence au cimetière des tirailleurs sénégalais de la Guerre 14-18), que l’on utilisait comme raccourci pour se rendre à la Dune du Pilat ou aux plages océanes. A l’ombre d’une forêt dense, sinueuse à souhait, avec son goudron cabossé, elle faisait partie des mythes entretenus par la population locale, du moins jusqu’à ce que les gps et l’application waze viennent briser le secret.
Ce travail terrestre, je l’ai complété par un travail aérien, notamment pour toute la partie dunaire, gérée par l’ONF.
Au final, une sélection d’une centaine de photos, que je vais devoir maintenant organiser avec plus de précision pour créer une exposition et pourquoi pas un ouvrage.
Pour découvrir toutes les photos, cliquez ici.
Pour ce numéro du mois de novembre, le magazine Terre Sauvage publie un dossier consacré au Parc Régional des Landes de Gascogne, illustré par quelques unes de mes photographies, terrestres et aériennes.
L’article, initialement bouclé en juin, a dû être modifié en raison des incendies qui ont ravagé une grande partie des forêts situées dans le Parc Régional. Une de mes photos aériennes réalisée le 8 août alors que les fumeroles étaient encore actives a donc été ajoutée.
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Mardi 12 juillet 2022 : une date qui restera à jamais dans l’histoire du Bassin, et pas seulement.
Cet après-midi là, je partais à bord de mon petit voilier « On My Way » pour 3 jours de prises de vues de paysages figuratifs sur le Bassin. Je quitte le port de la Teste à 17h00, ma première destination étant la Conche du Mimbeau au Cap Ferret. Dès mon arrivée au ponton, mon regard est attiré par une fumée qui semble provenir d’un incendie, mais à ce moment là, je pense à un feu de bâtiment, soit dans le centre ville de la Teste, soit dans la zone industrielle. Je ne suis pas plus inquiet que ça.
Je charge le bateau, démarre le moteur et me dirige lentement vers la sortie du port, tout en jetant un oeil régulièrement à cette fumée qui semble prendre de plus en plus d’importance dans le ciel.
Ne constatant aucune amélioration, bien au contraire, je jette un oeil sur l’application de Sud Ouest sur mon portable et le verdict tombe : incendie dans la forêt de la Teste !
Jusque là, rien de très étonnant. Cela fait des semaines que nous sommes en pleine canicule, il n’a pas plus une goûte depuis des mois, et on devait bien s’attendre à des départs de feu. Je me dis que les pompiers vont maitriser ça rapidement. Nous ne sommes pas dans le var, ici nous n’avons jamais eu d’incendies catastrophiques.
Au fur et à mesure de ma progression, je vois bien que la situation prend très rapidement de l’ampleur. Clairement, les pompiers ne parviennent pas à stopper la progression des flammes dans cette forêt primaire exceptionnelle. Les informations mises à jour en temps réel par Sud Ouest commencent à faire froid dans le dos. Les hectares partis en fumée se comptent désormais de manière exponentielle.
Après une heure trente de navigation, j’arrive dans la Conche du Mimbeau.
Je jette l’ancre, je sors mes jumelles, mon fuji XT2 avec mon zoom le plus puissant, un 150-400 équivalent à un 600mm, et je me met à observer et photographier, impuissant, cette vision apocalyptique.
Le soleil est en train de se coucher et procure une touche esthétique limite gênante au spectacle des canadairs évoluant dans cette fumée dense autour de la grande et majestueuse Dune du Pilat.
La nuit tombe, le feu ne sera pas maîtrisé ce soir, attisé par un vent d’Est très puissant qui emporte l’odeur du bois brûlé sur la Pointe du Cap Ferret.
Mercredi 13 juillet. Au petit matin, je ne peux que constater avec effroi que l’incendie s’est propagé. De l’endroit où je me trouve, je devine plusieurs foyers répartis dans la forêt tout le long de la Dune. Les médias confirment l’ampleur du désastre et l’impuissance des pompiers, totalement débordés malgré une mobilisation sans précédent.
Je décide de partir à l’Ile aux Oiseaux, plus précisément aux Cabanes Tchanquées, pour ma deuxième nuit. Je ne pourrais pas faire de photos ici, la fumée est trop présente. De toutes façons, la stupeur a remplacé l’inspiration.
Sur l’ile, la fumée paraît plus lointaine. Mais comme le feu s’est propagé aux portes de Cazaux, vu depuis les Cabanes Tchanquées, on a l’impression que c’est Arcachon qui est en feu !
Les quelques plaisanciers présents, assistent à ce spectacle tragique.
Malgré tout, je m’attelle à réussir une photographie du levé de la Lune rouge derrière la Cabane Tchanquée 51. Je sais qu’elle va bientôt être démolie et je tiens absolument à réaliser une dernière photo originale.
Le peu d’inspiration qu’il me reste est gâchée par une bande d’abrutis, venus à 8 bateaux pour faire la fête. Alcool, musique à neuneu à fond, cris et vociférations, ils sont une trentaine à pourrir la soirée à tous ceux qui, comme moi, sont venus pour profiter d’un moment paisible et magique sur un site exceptionnel. Vers 23h00, un plaisancier excédé va à leur rencontre et leur demande de baisser leur musique. Il se fera insulter et passer à tabac jusqu’à ce que je réussisse à éblouir ce groupe de dégénérés avec un projecteur ultra puissant que j’ai à bord. Je suis à 50 m, mais la puissance de cette lampe est telle qu’ils se retrouvent désorientés et cela permet à ce pauvre monsieur de se faufiler jusqu’à son bateau. Plus tard dans la nuit, à 2h00 du matin, le chef de la bande décide de le retrouver « pour le finir ». Je ne parviendrai pas à joindre les secours. La Brigade Nautique de la gendarmerie est injoignable. Rien n’est prévu pour ce genre de situation. Finalement, les abrutis abandonnent leur projet d’expédition punitive.
A 6 h00 du matin, la marée est suffisamment remontée pour pouvoir quitter les lieux. Je décide de mettre un terme à cette escapade et de rentrer au port. Je n’ai plus la tête à faire des photos, à cause des incendies bien sûr, mais aussi à cause de ce à quoi j’ai assisté cette nuit. En 22 ans de navigation sur le Bassin, j’en ai passé des nuits à bord, et jamais je n’avais été témoin d’une telle incivilité et d’une telle violence.
Le feu a continué à dévorer la forêt pendant plus de deux semaines, obligeant les autorités locales à évacuer plusieurs villes et quartiers, y compris le Pyla. Au total, ce sont près de 20 000 personnes qui ont dû quitter leurs maisons et parfois leurs animaux de compagnie pour trouver refuge chez des amis, de la famille, ou en centre de secours. Heureusement, une mobilisation exceptionnelle des bénévoles a permis de réconforter ceux qui étaient les plus touchés par cette catastrophe.
Le bilan est catastrophique. Si heureusement il n’y a pas eu de victimes chez les humains, il y en a eu dans la faune sauvage. La forêt a été presque entièrement dévastée. C’est une perte inouïe pour la biodiversité. Une grande cicatrice pour la population locale qui était tant attachée à sa forêt.
Quelques maisons et un restaurant ont été détruits, mais aussi les cinq campings au bord de la Dune du Pilat.
Il y a forcément des leçons à tirer de cet évènement. Des décisions à prendre pour pouvoir intervenir plus rapidement et plus efficacement au moindre départ de feu. Des moyens à mettre en oeuvre, des zones sensibles à protéger dans des périodes critiques, et éviter par dessus tout d’urbaniser à proximité de la forêt.
Car des canicules, il y en aura d’autres. Il se peut même que l’été caniculaire devienne la règle. A nous de nous adapter maintenant.
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Samedi 25 mai, j’étais l’invité de Marie-Corine Cailleteau dans l’émission « Au Fil de l’Eau » sur France Bleu Gironde. Une heure d’entretien pour parler de mon parcours, de mon dernier livre, de mon attachement au Bassin d’Arcachon mais surtout de ma sélection en finale du concours des Photographies de l’Année et de ma participation au Festival Photo de Bellême sur le thème : « L’eau, la Mer, l’Océan ».
L’émission est à écouter en intégralité en cliquant ici (vous pouvez zapper les pub et intermèdes musicaux avec le lecteur).
…27 ans après la photo emblématique du Coeur de Voh par Yann Arthus Bertrand
Le dimanche 15 octobre, après un vol d’une heure au dessus du Lac de Cazaux afin de réaliser des nouvelles photos aériennes pour mon prochain livre « Une Autre Planète », je décide de demander à Olivier, le pilote, de faire un détour par les plages océanes avant de rentrer à l’aérodrome. C’est la fin de l’été indien, il fait beau et chaud, je sais que les plages sont bondées et qu’il y a une très belle houle propice au surf. Pour moi c’est donc une dernière occasion avant l’arrivée de l’hiver de photographier des humains, de jouer avec les couleurs des parasols et des serviettes et de photographier des surfeurs dans de belles vagues. Nous survolons donc la forêt, arrivons au dessus de la plage de la Salie Nord et je demande aussitôt au pilote d’aller un peu vers le large pour faire un arrondis et revenir sur le spot de surf pour que je sois du bon côté. C’est à cet instant, que devant mes yeux apparaît ce magnifique coeur géant formé par l’écume sur une houle parfaite. Je ne réfléchis pas, je n’ai même pas le temps de m’étonner, je vise, je déclenche. Une, deux, trois… quatre photos, c’est tout ce que je peux faire avant que le coeur ne disparaisse, disloqué par les vagues. Heureusement j’avais la bonne optique (le 120 mm) monté sur mon appareil moyen format Pentax 645Z de 50 Millions de pixels. L’occasion pour moi de vous rappeler que je ne travaille qu’avec 3 optiques fixes de grande qualité dont deux sont à mise au point manuelle (c’est le cas du 120 mm qui a servi à faire cette photographie). |
Afin de couper court à toute polémique concernant l’authenticité de ce coeur parfait, j’ai mis en ligne la vidéo embarquée dans l’ULM dans laquelle on voit parfaitement le coeur apparaître devant moi. (visible sur ce lien).
Ainsi j’apporte la preuve irréfutable que ce coeur est bien réel et que je ne l’ai pas fabriqué sur photoshop!
Jeudi dernier j’ai donc décidé de publier cette photo sur mon compte instagram. Le lendemain matin, la rédaction du journal Sud Ouest me proposait de faire un papier dessus ce que j’ai accepté sous la condition que la vidéo soit également diffusée afin de couper court aux éventuelles polémiques que cette photo aurait pu générer. Une fois publiée sur le site de Sud Ouest, l’article a été repris par d’autres sites d’informations tels que Le Parisien, 20 minutes , Europe1 , BFM TV, Disney Nature, SFR, le site belge DHNET ou encore le site Positiv.fr , sans oublier le site d’information locale Info Bassin. Il y aura certainement d’autres publications dans les jours à venir et peut-être que cette photo fera le tour du Monde… qui sait.
Cette anecdote me rappelle qu’il y a 5 ans, lors d’un vol avec le pilote d’ULM Michel Boudigues, j’avais déjà réalisé la photo d’un coeur cette fois-ci formé par le sable au Banc d’Arguin. Un reportage signé Frédéric Maurice avait été réalisé pour l’émission de France 3 « Météo à la Carte » (visible sur ce lien)
Alors ? la Nature se sert-elle parfois des photographes comme messagers afin de nous envoyer à tous un message d’amour et de respect ? Rien ne nous interdit d’y croire en tous cas et de faire de notre mieux pour la respecter et la protéger.
Car ne l’oublions pas : à quelques centaines de mètres de ces deux coeurs, il y a le Wharf de la Salie qui déverse chaque jour dans l’océan 50 000 m3 d’eaux usées provenant des 147 000 habitants du Bassin, des résidus chimiques et médicamenteux contenus dans leurs urines ainsi que les rejets de l’usine de papier Smurfit Kappa… pas de quoi se réjouir quand on sait que la population du Bassin est en train d’exploser du fait de l’urbanisation exponentielle.
Je ne pouvais pas ne pas le rappeler.
Vaste sujet que celui de l’érosion de notre littoral aquitain et surtout sujet ô combien sensible !
D’un côté les faits que nous pouvons constater : des plages rongées par la mer, des habitation menacées de s’écrouler dans les vagues, et des inondations devenues de plus en plus fréquentes dans certaines citées balnéaires.
D’un autre côté, ceux qui n’ont pas forcément intérêt à ce qu’on en parle : des promoteurs immobiliers qui voudraient bien continuer à profiter de cette manne, quelques acteurs du tourisme qui ne veulent surtout pas que l’on évoque des choses négatives, et bien sûr des maires peu scrupuleux, corrompus, ou tout simplement incompétents, qui ne tiennent pas à ce qu’on les mette en avant face à cette problématique.
Quelques soient les causes de cette érosion de nos côtes, il est clairement établi que nous ne pourrons jamais lutter efficacement et durablement contre la force des éléments naturels. L’Océan reprend ses droits et il semble même demander les intérêts de retard !
La pointe du Cap Ferret ne sera pas sauvée par le charismatique et controversé Benoît Bartherotte. S’il est vrai qu’il parvient à gagner un peu de temps tout en menant ses petites affaires dans les méandres sombres du pouvoir passé ou en place, il ne gagnera pas la guerre qu’il mène depuis 20 ans contre cette satanée montée des eaux. Pas plus que ces milliardaires de l’ile de Nantucket dans le Massachusetts qui regardent impuissants leurs villas à plusieurs millions de dollars se désagréger dans les vagues puissantes, juste en face de nous, mais de l’autre côté de l’Océan.
Et puisque nous n’arriverons pas, semble t-il, à inverser la courbe du réchauffement climatique, un phénomène qui dure depuis des millénaires mais que notre ère industrielle fait accélérer de manière exponentielle depuis 50 ans, la moindre des décisions serait de nous éloigner des côtes au lieu de nous mettre au bord. C’est du bon sens. Mais comme beaucoup d’autres sujets, notamment liés à l’environnement, le bon sens passe en second plan devant l’argent, et certains lobbies se donnent les moyens de poursuivre leur oeuvre dans une certaine impunité. Pour illustrer mes propos, j’évoquerai le futur projet d’hôtel 5 étoiles avec Casino et parking souterrain sur le front de mer d’Arcachon Place Peyneau (détruisant au passage le musée aquarium le plus ancien au Monde), la construction d’un bâtiment de 200 m de long et 20 m de haut au Petit Port (toujours à Arcachon) et les innombrables nouvelles maisons (pour ne pas dire « maisonnettes ») sur le territoire de Gujan-Mestras, si proches de l’estran. Partout on bétonne, on densifie, on magouille… Qui paiera la note quand dans 10 ou 20 ans, ces bâtiments seront submergés par les flots ?
Quand le journaliste de TF1 m’a contacté pour participer à ce petit sujet de 6min au JT de Claire Chazal, je lui ai bien précisé que je n’étais pas un spécialiste de la question de l’érosion. Je suis photographe de paysages marins mais pas scientifique. En revanche, je ressens les choses, je les vois évoluer sans pour autant pouvoir dire exactement dans quelles proportions. Et même si les spécialistes diront à juste titre qu’on ne peut pas sérieusement parler de ce sujet en 6 minutes, je pense personnellement, que toutes les occasions d’évoquer des sujets aussi importants, doivent être saisies. Dans ce supplément du JT de TF1, le sujet sur l’érosion du littoral était à la fois trop court et à la fois assez long pour toucher et sensibiliser les 8 millions de téléspectateurs de Claire Chazal. Et c’est cela qui compte avant tout. Cela permettra peut-être d’obtenir plus d’oreilles attentives dans des sujets plus complets ou des actions locales.
Sur le plan technique, le tournage devait au départ s’effectuer en hélicoptère. Finalement, pour des raisons de budget je suppose, nous avons tourné avec deux ULM. Je suis monté avec Michel Boudigues, et Christophe, le cadreur de TF1 s’est installé à côté d’Olivier Chaldebas, avec qui je vole aussi assez souvent. La difficulté a été de gérer le son. Impossible de m’interviewer puisque j’étais le seul passager possible à bord de l’ULM rouge de Michel. Et le cadreur ne disposait pas d’un enregistreur de son indépendant que j’aurais pu emporter avec moi. Inutile de vous préciser que le micro HF ne passe pas entre les deux ULM. Nous avons donc décidé d’enregistrer ma voix sur un canal à part, le cadreur récupérant mon dialogue dans son propre casque ! système D qui a ses limites et que nous ne pouvions pas poursuivre dans la « zone Cazaux », surtout ce jour là où l’activité militaire était assez intense. Nous avons donc fait ce que nous pouvions et avec les moyens du bord. Finalement le résultat n’est pas si mal et les images sont belles. Et pour moi, la satisfaction de n’avoir consommé qu’à peine 20 litres de super sans plombs pour l’ensemble du vol. Quand on sait qu’un hélico consomme 180 litres de carburant à l’heure, on peut se réjouir d’avoir eu un impact carbone quasi nul pour un reportage qui, de manière indirecte, nous alarme sur le réchauffement climatique.
Coincidence incroyable pour moi qui suis un amoureux de Cape Cod et des iles de MV et Nantucket, Claire Chazal nous proposait également un reportage sur le phare de l’ile de Martha’s Vineyard qui a dû être déplacé de 30 mètres à cause de l’érosion. Un phare que j’ai moi même photographié à plusieurs reprises, y compris en aérien !
Et quelques photos des coulisses du tournage :
L’été est donc passé comme ça. J’ai profité du beau temps pour faire quelques nouvelles photos que vous découvrirez plus tard et j’ai beaucoup réfléchi. A ma carrière professionnelle bien sûr, par ces temps difficiles, où le métier de photographe est clairement menacé de disparaître, et à ma vie sur le Bassin, chahutée, perturbée, par mon engagement pour essayer de le protéger des assauts incessants des différents lobbys de l’immobilier, du pétrole, et de quelques industriels. Je me suis battu comme j’ai pu, parfois avec maladresse, peut-être sans méthode, et surtout, j’ai été bien seul… Je reste convaincu que le fait de ne pas être « né ici » a été un énorme obstacle pour essayer de rassembler. Il suffit de lire quelques commentaires violents à mon encontre sur la page fb des Sentinelles du Bassin pour s’en rendre compte. Il y en a qui m’accusent d’utiliser cet engagement pour servir mes intérêts en me faisant le publicité pour « mieux vendre mes produits »… Je tiens encore une fois de plus à préciser que ce combat ne m’a jamais rien rapporté d’autre que des emmerdes. Je n’ai jamais vendu une seule photo ou vidéo en lien avec l’environnement. Je les ai toujours mises à disposition des médias et des associations gracieusement. En revanche, il m’en a coûté cher en temps, en menaces, en pressions exercées par certains élus. Et à chque fois que je suis passé à la TV ou dans les médias locaux, cela a toujours été pour parler de mon métier de photographe et quasiment jamais (et je le déplore) pour parler des menaces qui pèsent sur le Bassin.
Au terme de ces 5 dernières années, j’en suis arrivé à la conclusion que pour le Bassin il n’y avait malheureusement plus rien à faire. La population reste désespérément passive et Le SCOT a donc été voté et confirmé par les 17 maires. L’avenir de notre « petit paradis » est désormais tout tracé. Au lendemain des élections municipales de mars 2014, les bulldozers vont investir les lieux et le Bassin va vite devenir la « banlieue balnéaire » de Bordeaux avec 30 000 logements supplémentaires et une population qui va exploser. Ce joyaux va perdre son charme peu à peu. Moi, je suis encore plus pessimiste : je pense que le plan d’eau ne résistera pas à l’impact d’une telle pression démographique. Cet écosystème fragile et délicat a besoin d’équilibre et j’ai la conviction (et je ne suis pas le seul) que cet équilibre va être rompu. J’espère me tromper mais force est de constater que tout ce que j’avais envisagé et décrit sur ce blog il y a 5 ans s’est finalement produit. Alors pour moi qui me suis installé ici pour des raisons bien précises, à quoi bon rester ? faut-il faire semblant de photographier un paradis qui n’en n’ai plus vraiment un à mes yeux ? L’admiration pour le Bassin doit-elle se limiter à une dégustation d’huître dans une cabane à l’Herbe et à un picnic sur le Banc d’Arguin une ou deux fois par an ? comment dans un tel climat conflictuel, puis-je continuer à trouver l’inspiration ? Il est temps je crois de faire une longue pause.
D’autant plus que la Galerie Letessier qui exposait et vendait mes photos a finalement fermé définitivement et compte tenu des difficultés que rencontrent les commerces à Arcachon, je n’ai pas d’espoir de trouver un nouveau point de vente. Idem pour les livres, de nombreux points de vente font face à de grosses difficultés et j’éprouve de plus en plus de mal à placer mes ouvrages et à me faire payer chez certains. Du coup, je n’ose plus me lancer dans un nouveau projet de livre. C’est malheureux car j’ai encore des centaines de photos inédites à partager avec vous, et des idées de bouquins, et je ne peux pas les concrétiser.
Il faut aussi comprendre que je suis un photographe spécialisé en photos de « paysages marins » et non pas un photographe spécialisé en « Bassin d’Arcachon ». Le Bassin, je l’ai beaucoup photographié et je pense pouvoir dire que j’ai même lancé une mode de la photo du Bassin au point que plusieurs jeunes photographes surfent actuellement sur le même concept. Les milliers de photos que j’ai vendu dans ma galerie resteront certainement dans la mémoire collective et, si elles ne prennent pas une valeur artistique, auront au moins le mérite de témoigner d’une époque. C’est un regard que j’ai porté sur le Bassin pendant une décennie et que j’ai partagé avec vous, comme Léo Neveu l’a fait en son temps, et comme d’autres le feront ensuite. Il ne faut pas m’en vouloir d’aller explorer d’autres rivages.
J’ai donc décidé de prendre le large et tant qu’à faire, partir loin, dans un environnement tout à fait différent. J’ai choisi la Caraïbe pour une nouvelle aventure photographique.
J’avais eu un coup de coeur pour la Guadeloupe il y a deux ans, lors d’un petit séjour de deux semaines chez des amis. Une ile française séparée en deux parties aux paysages variés. Des plages de rêve bordées de cocotiers, une forêt vierge immense, une végétation luxuriante, des créoles très gentils (contrairement à une idée fausse véhiculée en métropole) et un climat tropical qui me convient parfaitement. Et au large de la Gwada, il y a toute une zone « caraïbes » à découvrir : La Désirade, Marie Galante, les Saintes, la Dominique, la Martinique, St Martin, St Barth, St Domengue, Haïti, et un peu plus loin, la Floride… Ainsi, je me rapproche de la côte Est américaine et me remet à rêver d’un projet professionnel à Cape Cod 😉
Vous allez donc suivre une nouvelle aventure pendant 6 mois. Ensuite ce sera le retour sur le Bassin et j’aviserai alors de la suite.
Je vous rappelle que si je ne suis plus très assidu sur ce blog, je le suis au contraire sur ma page fb que je vous invite à liker en cliquant ici.
Je vous dis donc à très vite pour le premier épisode de cette nouvelle saga aux Antilles !
Une GRANDE MANIFESTATION EST ORGANISEE DEMAIN SAMEDI A MIDI DEVANT LA SOUS PREFECTURE D’ARCACHON à l’appel de TOUTES les associations du Bassin d’Arcachon et du Val de l’Eyre !
Venez nombreux pour dire NON à ce projet de SCOT (Schéma de Cohérence Territoriale) qui va avoir des conséquences dramatiques et irréversibles sur notre beau Bassin d’Arcachon.
Les élus nous ont concocté cette folie :
– plus de 4400 hectares urbanisables en plus !
– jusqu’à 50 000 logements supplémentaires !
– 110 000 à 200 000 habitants de plus, soit plus du double de la population actuelle !!!
Comment imaginer que notre petit paradis puisse résister à une telle pression humaine ? Traitement des eaux usées et des déchets, embouteillages monstres, destruction du tissu économique, conséquences irrémédiables sur le plan d’eau… la liste est longue.
Au delà du projet en lui même qui a été voté, en catimini, par une courte majorité d’élus le 2 juillet dernier, il y a l’absence TOTALE de communication auprès de la population qui aurait dû être invitée aux débats.
Allons nous les laisser détruire notre joyau au profit des grands groupes de promoteurs immobilier ?
L’enquête publique se termine lundi prochain. Il ne sera plus possible ensuite de réagir.
C’est pourquoi nous devons tous manifester demain pour convaincre le Préfet de Région et les commissaires enquêteurs d’obliger les maires du Bassin et du Val de l’Eyre à revoir leur projet et, cette fois ci, à nous inviter aux réunions d’information.
C’ EST A NOUS DE DECIDER !!!
Cela faisait longtemps que je n’avais pas écrit un coup de gueule sur ce blog !
Mais aujourd’hui plus que jamais, il faut que je vous parle de ce qui est en train de se passer. Car dans quelques jours, et l’indifférence générale, l’enquête publique concernant le Schéma de Cohérence Territorial (SCOT) va se terminer. Alors j’entends déjà vos réflexions :
» mais c’est quoi encore ce truc , le SCOT ? » , « pourquoi il vient nous emmerder avec ça ? nous on veut juste qu’il continue de nous faire des belles photos de notre petit paradis et qu’il arrête de nous gonfler avec la politique et l’écologie ! »
Sauf que… notre « petit paradis », le votre, le mien, celui de ceux qui vivent ici et de ceux qui viennent en week-end, en vacances, ou pour se ressourcer, et bien figurez vous qu’il va crever !!! Le mot est fort me direz vous ? et surtout vous devez penser qu’une telle mauvaise nouvelle, forcément vous l’auriez vu venir, vous seriez au courant, la presse en parlerait… et bien NON. Cette fois-ci encore, nos élus ont bien réussi leur coup !
Pourtant je vous en parle depuis longtemps du SCOT. Souvenez-vous il y a 4 ans, ici, sur ce blog, j’avais écrit un billet qui s’intitulait : « Mon rêve brisé ». C’était ce fameux soir au retour d’une réunion publique organisée par le Sybarval (Syndicat Intercommunal du Bassin d’Arcachon et du Val de l’Eyre) à laquelle j’avais assisté. C’est ce soir là que j’ai découvert ce qui était en train de se passer, ce que les élus étaient en train de « comploter » pour définir l’avenir de ce territoire, de notre « petit paradis » comme nous aimons tous nous vanter. Pourquoi j’utilise le verbe « comploter » ? et bien parce-que j’estime que chaque habitant des 17 communes du Bassin d’Arcachon et du Val de l’Eyre, aurait dû être personnellement informé qu’un projet de Schéma de Cohérence Territorial qui allait définir l’avenir de notre territoire était en cours d’élaboration. Chaque maire aurait dû nous le faire savoir par un courrier et nous inviter au débat.
L’année dernière je vous ai proposé mon documentaire » Un paradis Menacé » que beaucoup d’entre vous ont vu, revu, et partagé sur les réseaux sociaux. Je croise encore régulièrement des personnes qui me remercient de leur avoir montré la face cachée du Bassin. Certains me disent: » je suis né ici, j’y ai toujours vécu et je n’étais pas au courant de ce que vous nous avez montré dans votre film »… Avaient-ils remarqué qu’à la fin du film j’évoquais justement le projet de SCOT ?… Malheureusement peu de citoyens vivant sur le Bassin ou le fréquentant s’intéressent à la façon dont ce territoire est géré. Alors, nos élus en profitent. Et c’est bien ce qu’ils ont fait pour le SCOT. Ils ont défini presque secrétement ce que sera le pays du Bassin d’Arcachon-Val de l’Eyre d’ici à 2030. Il y a bien eu quelques réunions publiques d’information mais qui l’a su ? y a t-il eu une volonté d’informer les citoyens ? de les inviter au débat ? ABSOLUMENT PAS !
Alors maintenant, lisez bien attentivement ce que je vais vous dévoiler :
Cet été les élus ont voté à la majorité + une voix le projet de SCOT élaboré depuis 4 ans avec l’aide d’une étude qui aura coûté aux contribuables du Bassin plus de 1 million d’euros ! Ce projet définit précisément ce que sera le Bassin d’ici à 2030. Voici en résumé ce que cela dit :
– 4400 hectares supplémentaires seront ouverts à l’urbanisation. Ceci correspond à 34 % en plus de l’espace déjà urbanisé.
– Il est prévu de construire de 38 000 à 50 000 logements supplémentaires
– les centres villes et centre-bourg seront densifiés (cela signifie qu’en lieu est place d’une maison on construira un immeuble de plusieurs étages avec des parkings)
– Des nouvelles zones industrielles et commerciales seront créées afin d’y implanter encore plus de grandes surfaces
– Cela provoquera l’installation de 110 000 à 200 000 habitants supplémentaires (données fournies par l’Etat) sur un territoire qui compte déjà 140 000 âmes et dont la démographie a déjà doublé ces 20 dernières années !
Je pourrais continuer la liste des aberrations que nous ont concocté nos élus mais vous n’auriez pas la patience de les lire jusqu’au bout. Alors si vous voulez plus de détails, je vous recommande de vous rendre sur le site du Sybarval, censé informer les citoyens et fournir tous les documents qui dépendent du domaine public. Et là je vous souhaite bien du courage ! car il en faut pour s’y retrouver sur ce site ! allez-y, juste pour voir, et dîtes moi si vous y comprenez quelque chose ? A moins d’être un expert ou d’être passionné par le sujet, c’est juste IMPOSSIBLE de comprendre quoi que ce soit. De là à dire que cela est fait exprès…
Tout a été conçu pour éloigner le citoyen du débat et faire passer la pilule en douceur et surtout en toute discrétion.
Et la presse locale dans tout ça ? elle en a pourtant parlé régulièrement du SCOT. Mais jamais de véritable article de fond, pas d’enquête, pas d’investigation… comme d’habitude quoi ! résultat le sujet est passé totalement inaperçu.
Quelles seront les conséquences ?
Si le SCOT est validé, ce sera irrévocable.
Vous imaginez bien que les grands groupes de promoteurs immobiliers sont déjà prêts à faire couler le béton. Les projets sont dans les tiroirs et n’attendent que le feu vert. Alors, les buldozers viendront labourer les jardins et les espaces boisés, feront tomber les petites villas arcachonaises, les grues pousseront comme des champignons et les immeubles sortiront de terre. Il faudra de nouvelles routes, de nouveaux ronds-points, des nouvelles écoles, des nouvelles salles de sport, bref de nouvelles infrastructures. Le territoire deviendra pendant 10 ans un vaste chantier tel que les habitants et les commerçants d’Arcachon l’ont connu pendant les travaux de la fameuse ZAC (vous savez, ce que certains appellent: Disneyland !). Les embouteillages seront permanents et ce que nous appelons tous « Notre petit Paradis » deviendra juste un ENFER !
Une fois la la pompe à fric lancée il sera impossible de l’arrêter.
Comme prévu, une nouvelle population viendra donc s’installer autour de ce magnifique plan d’eau. Des gens qui viendront de Bordeaux et de la CUB, de Paris , d’un peu partout. Car qui ne rêve pas d’habiter au bord de la mer ? qui ne rêve pas d’avoir sa maison, son bateau ? d’aller surfer quelques vagues le matin avant d’aller au boulot, ou de se donner rendez-vous avec quelques amis pour un petit apéro sur la plage après le boulot ? qui ne rêve pas d’aller en famille ramasser les cèpes en automne dans la forêt ? n’est-ce pas égoïste de dire à ceux qui n’ont pas encore accomplit ce rêve que c’est trop tard, qu’il n’y a plus de place, qu’il fallait venir avant ! ?
Vivre sur le Bassin, comme partout en Europe est un DROIT. Nul besoin de visa ou d’autorisation des « locaux » pour s’y installer. Et heureusement.
En revanche, ce n’est pas pour autant un acquit ! comme tous les endroits prisés, il se mérite. Et être né sur le Bassin, y avoir eu une famille installée depuis toujours ne donne pas plus de droits qu’aux autres. Il va falloir la mériter sa place au « Paradis » ! Personne n’échappe à la règle, ni ici, ni ailleurs.
Ceux qui affirment qu’en construisant 38 000 logements en plus les prix vont baisser, se trompent complètement. Car il y aura toujours plus de demandes que d’offres. Donc non seulement cela ne résoudra en rien les difficultés de logement pour les plus modestes mais cela aura des conséquences irréversibles sur l’environnement et la qualité de vie.
S’engager dans un processus de développement qui fera passer la population du Bassin et du Val de l’Eyre de 140 000 à plus de 300 000 habitants c’est mener le Bassin tout droit à son asphyxie ! C’est détruire à petit feu un environnement extraordinaire qui est la base de son succès. C’est mettre en danger les activités économiques qui dépendent directement de cette nature généreuse, et en particulier l’ostréiculture, c’est dégrader la qualité de vie de ceux qui sont déjà là… et de ceux qui vont arriver. Au final, nous sommes tous perdants !
Savez vous par exemple qu’il faudra changer les 80 km de collecteurs des eaux usées pour un coût de 1 million d’euros du Km ?! qu’il faudra une ou deux nouvelles stations d’épuration à 50 Millions d’euros l’unité ?!
Arriverons nous à fournir suffisamment d’électricité, d’eau potable, de réseau internet, de produits frais ? arriverons nous à gérer les déchets d’une population qui aura plus que doublé ? et croyez vous vraiment que nous pourrons continuer à jouir de notre liberté de déplacement sur des des lieux naturels remarquables ? Savez-vous que chaque été, l’air de la ville d’Arcachon est plus pollué par les particules fines des gaz d’échappement que celui de Bordeaux ?
Chaque été j’entends les locaux se plaindre de la période estivale : » ah vivement qu’ils s’en aillent les touristes, on n’en peu plus ! » . Imaginez juste que si le scénario proposé (pour ne pas dire imposé) par nos élus est mis en application, ce seront les mêmes nuisances… TOUTE L’ANNEE !
Comme vous pouvez le ressentir, je suis très en colère.
Il reste encore un espoir d’empêcher ce massacre : exprimer notre avis défavorable au commissaire enquêteur de l’Enquête Publique. Car figurez-vous que nous sommes en plein dedans ! comment ? vous ne le saviez pas ? c’est normal puisque là encore nos élus n’ont pas souhaité vous en informer !
Vous avez donc jusqu’au 4 février pour exprimer votre avis sur le registre du SCOT dans l’une des 17 mairies du Bassin d’Arcachon et du Val de l’Eyre.
Si vous avez la flemme de vous déplacer, où tout simplement pas le temps. Vous pouvez m’envoyer votre lettre et je me chargerais de la remettre au commissaire enquêteur le 31 janvier au siège de la COBAS à Arcachon.
Cela ne vous prendra que 5 minutes pour lire le modèle, l’adapter avec vos mots à vous, coller un timbre sur l’enveloppe et me l’envoyer. 5 minutes de votre précieux temps pour participer à sauver le Bassin. Vous lui devez bien ça non ?
Dîtes vous bien que chaque avis va compter !
Tous les renseignements et le modèle de lettre sont sur ce lien :