Un frisson m’a traversé lorsque j’ai reçu le mail de René Capo, coordinateur du comité de vigilance de Biscarosse, m’invitant à me joindre au rassemblement des ostréiculteurs au pied du Wharf de la Salie…
Enfin ça va bouger ! enfin ils se décident à dénoncer le véritable problème.
(ci dessus :René Capo, coordinateur du comité de vigilance de Biscarosse)
Si vous lisez mes précédents articles sur le Wharf et le plan Natura 2000, vous pourrez mieux comprendre pourquoi on en est arrivé là.
Depuis cet hiver, je me suis beaucoup investit pour dénoncer les rejets en mer au Wharf.
J’ai participé au blog de la député maire de Gujan Marie-Hélène des Esgaulx pendant les élections municipales, posant des questions embarrassantes à propos de rejets en mer, et une semaine plus tard, alors que je n’avais pas eu de réponse à mes questions malgré plusieurs relances, par le plus grand des hazards, j’ai eu un contrôle fiscal… Mais j’y reviendrai plus tard… avec tous les détails.
Hier donc, je me suis rendu, appareil photo et camescope à la main à ce rassemblement des ostréiculteurs.
Depuis deux semaines, les huîtres sont à nouveau interdites à la vente et le week end du 15 août est tout proche.
Les ostréiculteurs sont désormais au pied du mur.
Les élus du Bassin ont finalement réussi au fil des crises mal gérées, à les diviser au point que Marc Druart et tous les membres du bureau ont démissionné… Les « paysans de la mer » n’ont plus de représentant et sont affaiblis.
Alors, n’ayant plus rien à perdre, les « parqueurs », gardiens de l’identité du Bassin, se décident enfin à attirer l’attention des médias et du public sur ce qui est peut-être et très certainement l’un des maillons de la contamination de leurs huîtres et de la pollution du Bassin: je veux bien sûr parler des rejets en mer par le Wharf des eaux usées du Bassin et de l’usine de papier de Facture…
Mes photos le prouvent : ce qui sort du Wharf, longe le Banc d’Arguin et la pointe du Cap Ferret, selon le sens du courant. Or, ce sont toujours les souris-test du Banc d’Arguin qui meurent en premier…
Voici une vue aérienne du Wharf prise le 28 août 2006 :
Après enquête avec René Capo, nous savons que les deux nouvelles stations d’épuration « high tech » de La Teste et de Biganos ne savent pas traiter les produits chimiques, sont limites au niveau de leur capacité en pleine saison estivale, et utilisent du polychlorure d’aluminium pour blanchir et floculer les mousses. Quand au nettoyage des canalisations, les explications restent floues…
(ci dessus : René Capo interviewé par France 3 Aquitaine devant la station d’épuration de La Teste)
Cette prise de conscience des ostréiculteurs arrive un peu tard… cela fait 3 ans que je ressent le déclin du Bassin d’Arcachon. Malgré un discours rassurant des élus genre « vive l’identité du Bassin et ses traditions ! » et vas y que je participe à la régate des maires en pinasses à voile, et que je joue à la pétanque avec les people (tiens j’ai déjà vu ça à Saint Trop…) et que je me goinfre d’huîtres gratuites sur le front de mer, les élus continuent de favoriser le développement économique du Bassin et de permettre un peu plus d’urbanisation… + 100 000 habitants en 2030, c’est annoncé officiellement par le sous préfet depuis deux mois !
Mais revenons à cette journée d’hier…
200 ostréiculteurs étaient présents avec banderolles et toute la presse locale s’était déplacé.
On va enfin parler de cette monstruosité : le Wharf !
Concernant les élus présents, seul Michel Daverat, Conseiller Régional des Verts avait fait le déplacement… Il y a avait aussi deux anciens élus : Acot-Mirande, ancien Maire de la Teste et René Serrano, lui aussi du PS… un peu tard pour se manifester…
J’ai pris des contacts avec plusieurs personnes à qui je vais pouvoir fournir mes photos aériennes en espérant qu’elles puissent leur servir. Je pense que les journalistes locaux ont réalisé aussi ce qui était en train de se passer : la mort annoncé de l’ostréiculture sur la Bassin, et donc par conséquent, la mort programmée d’un environnement fragile qui sera laissé en pâture aux promoteurs immobiliers, à l’industrie du nautisme et aux grands groupes hôteliers ! Tout cela sur un fond d’ambitions politiques destructrices.
Les ostréiculteurs menacent de bloquer l’accès au Bassin pendant le week end du 15 août. Je crois que nous sommes au bord de l’explosion. Une explosion désormais nécessaire pour sauver ce qui peu encore l’être…
Le compte à rebours a commencé…
Pour voir la vidéo de la manifestation, rendez vous sur Youtube en cliquant ici !
Mais que va devenir ce Bassin d’Arcachon avec cette bande de fous furieux !
Je viens de lire dans le Sud Ouest d’aujourd’hui que des combats de boxe avaient été organisés sur la plage d’Eyrac vendredi dernier. Qui étaient les organisateurs ?
réponse : notre « people » local et secrétaire d’Etat au sport : Bernard LAPORTE et son associé du Café de la Plage…
Je n’ai rien contre eux. Je n’ai pas grand chose non plus contre la boxe qui est considérée comme un sport.
Mais bon… tout de même… le front de mer d’Arcachon est-il le lieu le plus approprié pour organiser le spectacle de deux homme qui se tapent dessus (avec risque de nez cassé, sang qui gicle, arcade sourcilière pété, etc…) ?
Je crois que nous sommes loin des valeurs et des traditions du Bassin…
Comment la Mairie d’Arcachon a t-elle pu donner l’autorisation d’occupation du domaine public pour une telle manifestation ?… ah mais oui j’oubliais… Bernard Laporte (vous savez… « mon jambon Stääärrrr »).
Quand je pense que cette même municipalité m’avait fait les pires difficultés pour que je puisse exposer sur la plage ma photo « aérienne la plus longue du Monde » un dimanche en novembre… vraiment je ne comprends pas.
Si cela continue comme ça :
Prochainement à découvrir sur le Bassin : un défilé de voitures « tunning » dans la Ville d’Hiver, le Salon du X au Palais des Congrès, et une course de Offshore devant l’Ile aux Oiseaux…
Article du Sud Ouest du lundi 23.06.2008:
(BOXE)
ARCACHON.
La marée remonte
Le ring sur la plage a fait recette vendredi soir
Par : Alain Douaud
Sports Gironde
Tous les ingrédients d’une grande soirée de boxe étaient réunis vendredi sur la plage d’Eyrac à Arcachon : 5 combats professionnels retransmis sur grand écran, 400 dîneurs attablés sur le front de mer dont un parterre de personnalités : Bernard Laporte, secrétaire d’État aux sports, les anciens champions Mayar Monshipour, Jean-Claude Bouttier et Rufino Angulo pour la boxe, Pierre Berbizier pour le rugby, et une importante cohorte d’élus locaux du Bassin d’Arcachon, des défilés de superbes mannequins et même des animations pyrotechniques !
Le restaurateur William Teychouères et les responsables de la section boxe du Stade Pessac UC, organisateurs de la soirée buvaient du petit lait devant l’importance du public. Certains assistaient même au spectacle depuis leur bateau encré au large de la plage !
Des 5 combats au programme, la finale de la Coupe de France des mi-lourds constituait l’événement sportif de la soirée : ce fut le seul match tronqué, l’arbitre mettant prématurément fin à l’affrontement entre le Normand Serdjane et le Dijonnais Lahrissi : le match a été arrêté au milieu de la troisième à la suite d’une blessure au front de Serdjane qui ne permettait de poursuivre les débats dans des conditions équitables.
Les boxeurs de la région ont fait bonne figure dans les autres matches. Le Pessacais Nédim Kara, qui disputait son premier combat en six reprises, est parti prudemment avant de prendre nettement la mesure du Géorgien Djaviev complètement asphyxié en fin de combat.
Le Lormontais Bertrand Aloa, qui disputait son deuxième combat après dix mois d’interruption, a usé de ses fulgurantes accélérations pour battre le Normand Legrosnier. Seul le Pessacais Pascal Lacampagne a dû se contenter d’un match nul face au Manceau Brival, une décision qui semblait avantageuse pour son adversaire.
Je ne m’étendrai pas sur le projet Natura 2000 car j’aurai trop peur de communiquer des erreurs.
J’en retiens juste qu’il s’agit d’une mesure de plus conçue par des technocrates, sans concertation, et ayant pour but de définir des espaces maritimes sensibles et protégés.
Que l’annonce de ce plan a été très mal gérée et que s’en est suivie une cacophonie d’informations et de désinformations…
Concernant le Bassin, personne ne semble d’accord sur la zone délimitée. Selon certains élus et représentants d’associations de plaisanciers et professionnels du nautisme, les conséquences de l’application de Natura 2000 sur le Bassin seraient catastrophiques puisque le plan d’eau deviendrait quasi impraticable.
Personnellement je ne suis évidemment pas pour qu’on en arrive là. Priver les habitants et les estivants du Bassin du plaisir de la promenade en bateau, de la pêche, et de l’accès aux endroits fantastiques que sont le Banc d’Arguin et l’Ile aux Oiseaux, seraient un constat d’echec absolue.
En revanche, force est de constater que les élus n’ont aucune volonté politique pour enrayer un phénomène visible depuis 3 ou 4 ans : le profusion de bateaux à moteurs, notamment de grosses unités au détriment de bateaux traditionnels ou à voile. Le Port d’Arcachon à crée un Quai Patrimoine et projette de l’agrandir mais les places restent chères : compter 2000 € par an. Je pense qu’il faudrait une politique plus encourageante. Exemple: 500 € par an pour une place pour un bateau traditionnel ou à voile et multiplier les pontons réservés à ce type de bateaux auraient un effet immédiat, visible sur l’eau. N’est-il pas plus agréable de voir le Bassin rempli de voiliers et de pinasses ?
L’année dernière, j’ai survolé le Banc d’Arguin en ULM début aout et j’ai pris des photos. En agrandissant l’image on peut compter les bateaux. Je me suis arrêté à 800 !
Cela me paraît tout de même excessif. Ne pourraient-on pas envisager de limiter l’accès à certains endroits lors de pics de chaleur les week end d’abondance d’estivants ? On pourrait par exemple, lors de ces périodes très précises, autoriser l’accès uniquement aux voiliers et bateaux à moteur traditionnels, les récompensant ainsi de leurs efforts pour faire perdurer ce type de navigation…
Notez que je ne montre pas du doigt les propriétaires de bateaux en plastique sur-motorisés. Je ne suis pas pour l’interdiction mais plutôt pour encourager un autre mode de vie sur le Bassin, plus respectueux de ses traditions. Un état d’esprit qui s’est perdu au fil des années et qui reste, à mon sens, le seul et unique gardien de cet environnement exceptionnel mais si délicat.
Revenons au Wharf et à Natura 2000…
Si j’ai bien compris l’article paru dans Sud Ouest aujourd’hui, les élus se prononcent contre Natura 2000 notamment à cause du Wharf qui serait compris dans le tracé de la zone protégée. Les conséquences seraient donc que le Wharf, étant toujours polluant, puisque rejetant les eaux usées partiellement traitées mais contenant toujours une pollution chimique, deviendrait « hors la loi » et obligerai les élus à son démontage, remettant ainsi en question toute leur politique de traitement des eaux usées du Bassin.
On comprend leur embarras…
Marie Hélène des Egaulx, députée maire de Gujan, ne parle pas de cela mais de la mise en danger de la « zone défense » incluant la Base de Cazaux.
Le bon prétexte…
Finalement, réaliste ou pas, le plan Natura 2000 aura au moins eu pour action positive de lancer un certain nombre de débats sur le sujet.
Et ce n’est pas fini…
Alors là j’avoue que je suis resté scotché à mon siège quand j’ai ouvert le journal et découvert que le SIBA (Syndicat Intercommunal du Bassin d’Arcachon) avait choisi le jour de la Journée Mondiale des Océans pour organiser une grande opération de communication sur l’efficacité des deux nouvelles stations d’épuration de Biganos et de la Teste de Buch !
Il fallait avoir du culot pour oser le faire.
J’ai immédiatement proposé à René Capo du collectif Aquitain contre les rejets en mer de nous y rendre afin de visiter la station de La Teste et de rappeler que de gros progrès restaient à faire en matière de traitement des eaux usées.
J’étais muni pour l’occasion d’une photo aérienne du Wharf prise le 28 aout 2006.
France 3 Aquitaine venu couvrir l’événement n’a pas manqué d’interviewer René Capo qui a ainsi pu faire un certain nombre de précisions.
Il faut savoir en effet que les deux nouvelles stations d’épuration permettent de traiter les eaux usées de l’ensemble des communes du Bassin d’Arcachon. L’usine de papier Smurfit de Biganos possède, elle, sa propre station de traitement.
C’est un progrès notoire puisque depuis un an, le traitement est beaucoup plus efficace.
MAIS :
Il reste tout de même un problème et il est de taille : nous continuons à rejeter en mer, par le Wharf de la Salie Sud, les eaux partiellement traitées et donc encore polluées en partie.
Personnellement je trouve que le SIBA devrait faire profil bas plutôt que de se vanter d’avoir dépensé 40 Millions d’euros pour ces deux stations d’épuration.
Je n’ai pas manqué de rappeler à Isabelle Galinier, responsable de la communication du SIBA, que les élus du Bassin avaient réussi à réunir 80 Millions d’euros pour prolonger de 5 kilomètres l’autoroute de Gujan à la Hume afin d’en faire un « aspirateur à camions ». Ils pourraient donc se donner les moyens de traiter nos eaux usées jusqu’au bout et éviter ainsi de continuer à prendre l’Océan pour une poubelle ! Des solutions existent, elles coûtent de l’argent.
Philippe d’Agata, kite surfer et membre de l’association « Michel d’Agata » (voir sur Facebook) avait également fait le déplacement accompagné de Candice.
Tous ensemble nous avons donc pu visiter les installations et poser un certain nombre de questions.
Ainsi, nous avons eu la confirmation que les produits chimiques contenus dans les détergents n’étaient pas traités ! mais que l’on se rassure : Isabelle Galinier nous apprend que le SIBA va communiquer pour que les habitants du Bassin n’utilisent plus de détergents ! y a du boulot !…
Nous avons eu la confirmation que le polychlorure d’aluminium était utilisé pour floculer et blanchir les mousses. Or il se trouve que de nombreux scientifiques émettent aujourd’hui des réserves sur l’impact de ce produit sur la santé. Il serait peut-être l’un des suspects responsables de la maladie d’Alzheimer…
Quand au nettoyage des dizaine de kilomètres de canalisations, les explications étaient, à mon sens, pour le moins confuses et évasives.
En conclusion : les élus du Bassin n’ont peut-être pas choisi la bonne option pour traiter les eaux usées. Tout concentrer sur 2 grandes stations d’épuration n’était peut-être pas la meilleure option. Selon René Capo, il aurait été plus judicieux que chaque commune du Bassin puisse traiter ses propres eaux usées, par le biais de stations écologiques, évitant ainsi tout rejet en mer.
Comment allons nous faire désormais pour sortir de cette impasse ? Alors même que le Bassin ne cesse de s’urbaniser à grands coups de buldozers, que l’augmentation démographique est la plus importante du département, que les zones industrielles s’agrandissent et que l’autoroute va bientôt amener les camions sur une longue file inintérompue jusqu’à la Hume, personne n’a pensé à une solution qui permettrait d’éviter de rejeter notre pollution à tous dans l’océan, à quelques centaines de mètres du Banc d’Arguin…
Je suis de plus en plus inquiet pour l’avenir du Bassin d’Arcachon…
Depuis la présentation de ma nouvelle collection de photographies du Bassin d’Arcachon « automne 2007 », je n’avais plus vraiment donné de nouvelles.
Il est vrai que la destruction de la Cabane Tchanquée N°53 m’avait mis le moral à zéro. Sa reconstruction annoncée « à l’identique » a donné un résultat pire que ce que j’imaginais… Mais nous y reviendrons plus tard, photos à l’appui.
Puis, il y eu les élections municipales.
J’ai profité de cette occasion pour m’exprimer sur les blogs de certains candidats et notamment celui de notre député-maire de Gujan Mestras : Marie Hélène des Esgaulx. Nous avons beaucoup échangé pendant ces quelques semaines et principalement sur des questions d’urbanisme et de protection de l’environnement. J’ai pu notamment soulever un certain nombre de problèmes et d’interrogations liées au Wharf de la Salie. Mais là encore nous aurons l’occasion d’y revenir et je vous présenterai un certain nombre de documents ainsi que mon point de vue et mes inquiétudes sur l’avenir du Bassin d’Arcachon. J’espère que ces échanges de correspondance permettront d’approfondir la question.
Avec le printemps, voici venu le temps de me remettre au travail !
Aujourd’hui il pleut sur Cape Cod…
Peut être les larmes de la Cabane Tchanquée N°53 qui, de l’autre coté de l’Océan, est en train de sécrouler sous les coups d’un bulldozer…
Je suis triste pour ce qui est en train de se passer. C’était un peu pour cette raison aussi que je suis parti aussi loin. Je ne voulais pas être sur le Bassin le jour de sa destruction.
Elle va me manquer.
La nouvelle cabane, concue pour devenir un musée ne m’interresse pas.
Ce que sont en train de faire les élus du Bassin, se servir de ce lieu aussi beau, aussi fragile, pour assouvir leurs ambitions politiques, attirer de plus en plus de monde, construire des infrastructures de plus en plus pratiques et évoluées pour accueillir de plus en plus de touristes…
Nous le paierons dans quelques années.
J’en veux au maire de la Teste et à son équipe municipale pour cette idée ridicule et je reste convaincu que tout était calculé d’avance. Un budget de 600 000 euros… cela peut faire tourner la tête…
J’en veux aux habitants du Bassin, aux « gens d’ici », aux « enfants du pays », qui n’ont rien dit, qui ne ressentent même pas ce que cela signifie. Le prochain qui me demande si « je suis d’ici » il va s’en souvenir, croyez moi !
C’est dommage, vraiment dommage…