* Réplique de Jean Gabin dans le film « Deux hommes dans la ville »
Mon courriel adressé au Sous-préfet d’Arcachon Philippe Ramon le 18 septembre 2008:
Monsieur le Sous-préfet d’Arcachon,
Dans le cadre de mon reportage sur le Wharf de la Salie et de ma collaboration avec le Comité de Vigilance et les différentes associations de défense de l’environnement sur le Bassin d’Arcachon, je souhaiterais filmer et photographier la réunion du 25 septembre qui se tiendra au Lycée de la Mer.
Le document audio-visuel intégral (sans montage) pourra être à la disposition des différents participants qui le souhaiteront, et ce gratuitement bien entendu.
Espérant une réponse favorable de votre part, veuillez agréer Monsieur mes salutations respectueuses.
Stéphane SCOTTO
Sa réponse, le 22 septembre 2008:
Monsieur,
la CLIS du 25 septembre sera ouverte à la presse.
Concernant votre demande, les éléments qui figurent sur votre blog attestent cependant de l’absence de toute déontologie journalistique de votre part. Certes, à la différence des journalistes, votre métier ne vous contraint qu’à bien peu de règles et la désinformation est une façon comme une autre de communiquer et le cas échéant de faire vendre vos produits.
Néanmoins, je ne pense pas que cette façon d’appréhender les dossiers permette d’entretenir les conditions de confiance et de responsabilité que je souhaite conserver sur le bassin d’Arcachon. La commission, prévue de longue date, apportera dans la sérénité toutes les précisions sur le suivi et les conditions de surveillance des installations classées du bassin. Elle n’a pas vocation à s’illustrer dans le sensationnel qui semble vous intéresser.
En conséquence je regrette de ne pouvoir vous accorder l’autorisation que vous sollicitez.
Salutations distinguées.
Philippe RAMON
Sous-préfet d’Arcachon
Ma réaction :
Monsieur le Sous-préfet a souhaité sortir de sa réserve pour tenir à mon égard des propos insultants et diffamatoires.
Je n’ai pas envie de polémiquer d’avantage mais cette réaction autoritaire et démesurée m’incite à encore plus de vigilance quand à l’évolution des événements dans les prochains mois.
J’invite les lecteurs de ce blog à faire de même.
[gv data= »http://www.youtube.com/?v=AEYdzCIp6lQ »][/gv]
Les médias nationaux commencent à s’intéresser aux rejets en mer du Bassin d’Arcachon et donc au Wharf de la Salie.
Ainsi, le journaliste Julien Dugast est venu cet été tourner un reportage sur le sujet.
Il m’a été demandé par les associations qui ont collaboré à ce reportage de fournir mes documents photos et vidéos.
Pour voir le reportage, cliquez ici !
Au départ j’étais dubitatif car je ne voulais pas être associé à un reportage dans lequel figurerait Benoît Bartherotte, dont je trouve l’implication écologique contestable.
Finalement, j’ai estimé que ce reportage de M6 était une occasion à ne pas manquer pour informer efficacement sur les dérives environnementales du Bassin d’Arcachon, et j’ai donc fourni à Julien Dugast (gratuitement) tout ce que j’avais, y compris mes toutes dernières prises de vues en ULM qui date de fin août.
Je lui ai demandé d’être très clair concernant les dates de prises de vues car il est vrai que les images les plus impressionnantes datent d’avant la mise en place des deux nouvelles stations d’épuration de Biganos et de la Teste. Je note que mes conditions ont bien été respectées.
Je trouve le reportage très bien réalisé. Benoît Bartherotte est très direct, fidèle à lui même, et même si je n’ai que peu d’estime pour cette figure du Cap Ferret, je salue son courage de s’être approché aussi près du Wharf avec son bateau pour y amener le reporter.
Concernant l’intervention de Michel Sammarcelli, maire du Cap Ferret et Président du SIBA, je suis assez choqué par ses remarques.
En effet, Monsieur Sammarcelli n’a pas l’air convaincu par les propos de certaines associations qui affirment que les stations d’épuration ne savent pas gérer les produits chimiques, détergents et autres… C’est pourtant la vérité !
Il affirme que les analyses faites par le SIBA sont en deçà des normes imposées.
Pourquoi ne pas laisser les associations gérer les analyses ? cela aurait le mérite de lever toute suspicion à ce sujet…
Mais ce qui me choque d’avantage c’est l’information qu’il nous donne dans le reportage : « les eaux de baignades sont de qualité A à cet endroit »
Alors là, je ne peux pas laisser passer ce que j’ose appeler à mon tour de la DÉSINFORMATION !
En effet, les analyses d’eau de baignade sont effectuées pour la Salie Nord et non pour la Salie Sud (où se déverse les millions de litres d’eaux usées partiellement traitées chaque jour).
De plus, fait troublant, si je me réfère à mes archives de cet été (merci La Dépêche du Bassin) :
analyses du 15 et 16 juillet 2008 :
« Eaux de baignade : ça se dégrade » :
Il manque étrangement les analyses de la Salie et du Pyla (ainsi que d’autres sites à l’intérieur du Bassin)
Le journal ne manquait pas de s’étonner de cette absence, alors même que le Bassin est très fréquenté en cette période et que les stations d’épuration doivent se trouver au maximum de leur capacité.
Il y a donc une double désinformation : non seulement les eaux dites de baignade de la Salie Sud ne sont JAMAIS analysées (et pour cause la baignade y est interdite !) mais en plus, il manque à cette date les analyses des plages les plus proches du Wharf…
Enfin, il me semble qu’à l’avenir Arguin devrait faire partie des sites analysés.
Hier se tenait au Lycée de la Mer de Gujan Mestras, une réunion historique dans l’histoire du Bassin d’Arcachon : la CLIS (Commission Locale d’Information et de Suivi des eaux du Bassin).
Cette commission a été créée à l’initiative du Ministre Jean-Louis Borloo, qui répondait favorablement à la demande du Comité de Vigilance de Biscarrosse.
René Capo, coordinateur du Comité de vigilance m’avait demandé de réaliser un reportage sur cette journée mais le Sous préfet d’Arcachon Philippe Ramon n’a pas voulu me donner l’autorisation de pénétrer dans la salle. J’y reviendrais dans le prochain article…
Comme je suis têtu, je me suis quand même rendu sur place afin d’interviewer ceux qui le souhaitaient dans le hall d’entrée.
Beaucoup de monde en cette matinée. Au milieu des élèves du Lycée, dans l’amphi-théatre, arrivent à tour de rôle tous les élus du Bassin et un élu de Biscarrosse Claude Larcher. Les associations de défense de l’environnement sont là aussi, dossiers sous le bras.
Pour participer à la transparence de l’information, les différents scientifiques, experts, collectivités territoriales et instituts sont venus exposer leurs travaux.
C’est la première fois qu’une telle commission réunissant autant de monde est organisée sur le Bassin. Un net progrès qui devrait permettre de trouver des solutions aux différents problèmes liées à la qualité de l’eau.
Ceux qui me connaissent me saluent et Michel Sammarcelli, Maire du Cap-Ferret et Président du SIBA vient à ma rencontre avec courtoisie. Nous discutons un moment de mes photos aériennes du Wharf largement diffusées sur internet et dont la date de prise de vue pose problème. Je le rassure en lui expliquant que je fais de mon mieux pour contrôler la sincérité de mes images mais que je ne peux pas avoir les yeux partout. Puis nous discutons agréablement des paysages du Bassin, du Cap-Ferret, d’urbanisme, et… de Cape Cod où il voudrait aller faire un tour lui aussi.
Quelques élus arrivent au dernier moment dont Yves Foulon et MHDE. Le maire d’Arcachon est radieux ! il faut dire que Marie-Hélène Des Esgaults, élue Sénateur vient juste d’annoncer que Yves Foulon aura l’investiture de l’UMP pour les prochaines élections anticipées pour le poste de député. Il va encore y avoir beaucoup de politique et de coups bas sur le Bassin. Décidément cela ne s’arrêtera jamais… on est encore loin du « climat de sérénité » que certains me reprochent de mettre en danger avec mon modeste blog et mes … 25 visiteurs par jour !
Mais revenons à cette journée consacrée à l’environnement :
euh.. pardon… n’ayant pas de carte de presse je n’avais pas le droit d’y assister donc je ne pourrais pas raconter grand chose.
En revanche, comme je voulais occuper ma matinée, j’ai eu l’idée de me diriger vers Audenge et d’aller voir (et sentir…) de près ce fameux Centre d’Enfouissement des déchets dont tout le monde parle depuis hier (suite à un article dans Sud Ouest). Je n’ai pas eu de difficulté à rentrer sur le site et à photographier et filmer tout ce que je voulais (notez que j’avais fait un vol en ulm la semaine dernière juste au dessus en repérage). Je puis vous confirmer ce que clament haut et fort les riverains du site : CA PUE ! et ça prends à la gorge.
Je plains ces pauvres gens qui vivent leur quotidien avec cette nuisance épouvantable. J’imagine le stress que cela doit représenter pour eux de ne pas en voir la fin.
Je plains aussi la maire d’Audenge, élue depuis mars dernier et qui doit se sentir bien seule pour affronter ce dossier. Si les autres élus du Bassin, même de droite, pouvaient faire preuve de solidarité, cela redonnerait peut-être un peu d’espoir aux habitants d’Audenge. Enfin, moi je dis ça…
Je prends le temps de me faire expliquer le fonctionnement de cette décharge, qui heureusement n’est plus en activité depuis l’année dernière, et j’avoue que je ne suis qu’à moitié rassuré par ce que j’apprends.
Une partie n’aurait pas été traitée dans les normes et il est fort à parier que ses « jus » atteignent la nappe fréatique qui se dirige tout droit vers… le « coeur du Bassin ». Mais bon… tout cela n’est que supposition de ma part et n’engage que moi.
Je m’approche de ce fameux conteneur contenant de la radio-activité (en faible quantité). C’est assez effarant de voir cette benne laissée à ciel ouvert, sous un préau en plein soleil, sécurisée par deux banderolles sur lesquelles sont accrochées de vulgaires feuilles A4 plastifiées avec un logo « Radio Activité ». Selon les informations qui me sont données sur place, elle contient un tapis roulant en cahoutchouc qui aurait servit à transporter des gravats.
Mais rassurez vous, je m’en suis entretenu avec le Sous préfet et il m’a assuré qu’il n’y avait aucun danger. Selon lui, il faudrait se tenir à proximité pendant 8 heures d’affilé, 40 jours de suite ( ou quelque chose comme ça…) pour que cela puisse représenter un risque pour la santé. Il est donc tout à fait normal que cette benne soit stockée ici depuis avril 2007 en attente de son traitement.
Vraiment… pas de quoi en faire un plat !
Puis, vers 16h00, je suis retourné à la CLIS afin de prendre quelques témoignages à la sortie de la réunion. Les participants quittent les lieux assez rapidement et je ne puis m’entretenir qu’avec le Sous-préfet (ce sera le sujet d’un prochain article), René Ariscon (une mémoire du Bassin et de l’Ostréiculture) et Michel Daverat, élu des Verts. Ces deux derniers ne semblent pas vraiment satisfait par cette première CLIS : « Beaucoup d’informations et de statistiques et pas assez de temps pour les échanges et le dialogue ». J’apprends que l’avocate des ostréiculteurs s’est fait brillamment remarquer dans une intervention houleuse avec le Préfet de Région qui, par ailleurs, a fait des déclarations surprenantes à propos des ostréiculteurs dans Sud Ouest le matin même :
en parlant des ostréiculteurs bretons : » là-bas, quand il y a une crise, ils en parlent le moins possible, ce en quoi ils ont raison. »
« la véritable saison est en hiver et autrefois les huîtres se mangeaient moins les mois sans R, ce qui constituait une forme de principe de précaution. »
(propos du Préfet Francis Idrac dans l’article de Hervé Mathurin – Sud Ouest du 25.09.2008)
Je suppose que les ostréiculteurs ont dû apprécier…
Quand je pense que je suis accusé de perturber le climat de sérénité avec mon blog…
Depuis la parution de l’article de Sud Ouest, beaucoup de personnes impliquées dans la protection du Bassin me contactent pour me donner des informations.
Je vais donc m’efforcer de me faire l’écho de leurs manifestations afin de les aider.
C’est en unissant nos forces et en partageant les informations que nous pourrons peut-être parvenir à une véritable prise de conscience collective.
Premier événement à soutenir : l’enterrement symbolique de la plage du Betey à Andernos, menacée par l’extension du port…
La manifestation est organisée par Surfrider fondation alors j’espère que les surfeurs lecteurs de ce blog trouveront une heure ou deux pour s’y rendre…
Moi je ne pourrai pas y être car je me suis engagé pour les Journées du Patrimoine. Mais je serai ravi de publier sur ce blog photos et vidéos qui pourraient me parvenir.
infoplagebeteysfe33.pdf
photo©Franck Perrogon-Sud Ouest 2008
RENCONTRE. –Photographe militant, Stéphane Scotto a suivi de près la crise ostréicole. Il diffuse sur Internet deux films tournés cet été et anime un blog
Son optique nature
:Sabine Menet
Au Wharf de la Salie, à Smurfit-Kappa à Biganos, au cours des fêtes de la mer à Arcachon : Stéphane Scotto a suivi de près les ostréiculteurs cet été. Derrière son objectif et derrière sa caméra, le photographe a figé les actions réalisées au cours de l’été pour dénoncer les dérives environnementales.
Comment vous positionnez-vous ? Êtes-vous un militant, un écologiste ?
Je porte un regard émotionnel sur les choses. Je mets au profit des autres mes images. J’ai une liberté de parole et d’action. Je ne fais partie d’aucune association ni d’aucun mouvement politique. Je m’exprime sur mon blog (1) et surtout je tiens à y donner la parole au plus grand nombre. Parce qu’il faut se mobiliser pour que les choses bougent.
Que pensez-vous des actions menées cet été ?
Je pense que les choses ne font que commencer. La visite à Smurfit lorsque les ostréiculteurs ont découvert, à 400 ou 500 m de la Leyre, un plan d’eau qui pourrait faire penser au Lac Rose, non loin de Dakar, a été édifiante. Car là, ce ne sont pas des cristaux de sel qui donnent cette couleur rose mais des métaux lourds. Et que dire de la décharge à ciel ouvert. Je crois que la machine est lancée. Depuis que j’ai mis en ligne le film tourné là-bas (2), je croule sous les mails. L’impact du visuel est énorme.
Est-ce à dire que vous êtes optimiste quant à l’avenir ?
Hélas non. Je reste fataliste face au peu de prise de conscience des habitants du Bassin. Nous sommes dans une situation d’urgence où il faut prendre des mesures et non plus des demi-mesures. Il faut établir une direction pour le développement du Bassin.
« Je pense que les choses ne font que commencer, la machine est lancée »
En fait, non, il ne faudrait même plus parler de développement. Comment prévoir 100 000 habitants en plus d’ici 2030, alors qu’on n’a même pas réussi à gérer le doublement de la population en six ans ?
Que pensez-vous traduire à travers vos photos ?
Avant tout mon amour du Bassin. Un endroit où je suis venu en vacances jeune, avant de venir m’y établir en 2001. Un endroit beau et fragile à l’incomparable lumière. Avec des endroits où j’ai appris la solitude. Mes photos sont des témoignages que l’on retrouvera peut-être dans quelques années en se disant : « Tiens, ça ressemblait à ça, avant. »
Vous faites souvent le parallèle entre le bassin d’Arcachon et Cape Cod aux États-Unis…
Oui. Les paysages sont identiques, les activités, ostréiculture, pêche et nautisme aussi. La seule différence, c’est que l’environnement y est beaucoup plus protégé. Que l’on ne peut pas y construire n’importe comment, ni y implanter n’importe quelle activité. J’ai réalisé une série de photos là-bas et je repars, en octobre, pour poursuivre mon projet. J’aimerais y ouvrir une galerie.
Quid de la prochaine plus grande photo du monde (3) ?
Elle est repoussée aux vacances de Pâques afin de pouvoir être présentée avant l’été 2009. Mais elle se fera et englobera cette fois-ci toute la côte intérieure du bassin, du Wharf à la pointe du Cap Ferret.
(1) http://stephanescotto.unblog.fr (2) Le film s’intitule « La souris qui cachait un éléphant », en référence au test de la souris appliqué à la commercialisation des huîtres. Il est visible sur http ://www.dailymot ion.com/altitude33/video/x6mako-la-souris-qui- cachait-un-elephant-news. (3) Il y a deux ans, à bord d’un ULM, il a réalisé la plus grande photo panoramique au monde en proposant, en un seul coup d’œil, de visualiser tout le front de mer, d’Arcachon aux plages océanes.
Cela s’est passé samedi dernier, alors que je me promenais avec des amis au Cap Ferret aux alentour de 23h00, après un bon restau…
Notre regard est attiré par un véhicule noir à l’allure très officielle… appuyés contre la voiture deux individus qui ont bien l’air d’être des gardes du corps…
Nous décidons d’attendre un peu.
Au bout de 5 minutes, des personnes sortent de la villa. Parmi elles qui voyons nous ? notre Ministre de l’écologie : Jean Louis Borloo !!!
Je me précipite pour le saluer. Si seulement je pouvais lui glisser deux mots à propos du Wharf, de l’usine, des ostréiculteurs…
A ma grande surprise, alors que je craignais d’être gentillement éconduit par ses gardes du corps, les choses se passent plutôt bien. Je me présente rapidement et lui demande si je peux profiter de cette opportunité pour lui parler deux minutes du Bassin d’Arcachon. Il accepte volontier et ce n’est pas deux minutes mais un quart d’heure qu’il va me consacrer ! (en fait je crois bien qu’il voulait échapper un instant aux personnes qui l’accompagnaient…)
Nous avons donc pu parler du problème de fond qui me tracasse depuis quelques temps. La discussion fut très décontractée et je dois dire que le Ministre était vraiment à l’écoute, même si mes propos étaient désordonnés (ce n’est pas tous les jours que l’on peu discuter ainsi avec un ministre…)
Au final, il m’a donné les coordonnées directes de son secrétariat et m’a proposé de lui envoyer un dossier complet qui serait étudié très sérieusement et rapidement.
Il m’a confié qu’il avait besoin de dialoguer avec des gens simples, en dehors de toute considération politique ou économique, pour s’imprégner des préoccupations réelles.
Le lundi suivant, je recevais un appel sur mon portable de sa secrétaire qui me demandait si je pouvais me rendre à Paris avec d’autres personnes soucieuses de protéger le Bassin et qui auraient de bons arguments…
Rendez vous est pris pour le 16 septembre.
Ahhh… si seulement cela pouvait se passer comme ça !
Vous avez marché hein ?
C’était une intox bien sur ! l’idée m’est venue en passant la soirée avec cette personne sur la photo. Un habitant de Biscarosse qui ressemble un peu à Jean Louis Borloo…
Merci Fabrice de t’être prêté à cette petite farce.
Un peu d’humour pour détendre l’atmosphère de ce blog qui commencait à en avoir besoin…
Certains parmi les lecteurs seront déçus et d’autres… rassurés peut être…
C’est fou comme les choses peuvent vite s’arranger…
Il y a une semaine, 600 personnes dont 500 ostréiculteurs marchaient sur le Wharf et envahissaient l’usine Smurfit criant à la pollution des eaux, conséquence d’une politique de développement du Bassin d’Arcachon inadaptée et aux conséquences environnementales désastreuses. Le ton était accusateur et les messages violents.
Enfin le scandale avait éclaté, on remettait tout en cause et on s’inquiétait collectivement de l’avenir du Bassin.
On demandait des comptes aux élus, on les insultait même.
Seul problème : personne n’a évoqué la moindre idée pour inverser la tendance et améliorer les choses pour un avenir plus rassurant…
Une dizaine de jours après et une réunion au Ministère, en compagnie des élus du Bassin (dont les « trois mousquetaires » : Marie Hélène des Esgaulx, Michel Sammarcelli, Jean Jacques Eyrolles, et, dans le rôle de Dartagnan: Yves Foulon) , un climat de paix est finalement revenu, comme si de rien n’était.
Tout ce que vous avez pu voir n’a jamais existé !…
Plus sérieusement, il est très clair que les ostréiculteurs sont divisés en deux camps : ceux qui voudraient bien poursuivre l’action entamée et arriver à contraindre les élus de traiter le fond du problème ; et ceux qui se contentent du chèque de 200 000 euros débloqué par la COBAS (avec encore un concours de politique politicienne entre Foulon et Deluga à propos de cette enveloppe…) pour faire de la com autour des huîtres plutôt que de faire des analyses…
A priori, si on en croit les belles promesses (deux mois avant les élections sénatoriales c’est toujours louche les promesses…) le test souris sera bientôt remplacé par un nouveau test moins contraignant. On ne saura donc jamais de quoi sont mortes les souris… certainement pas des rejets en mer du Wharf dont l’eau serait, selon certains, une « eau de baignade »…
En attendant la prochaine crise, j’ai fait comme tout le monde, je me suis précipité sur la terrasse d’une cabane du port de Larros et je me suis régalé d’une bonne douzaine d’huîtres avec un petit verre de blanc !
Je me dis qu’en demandant la remise en cause du test souris, les ostréiculteurs risquaient gros…
Mais peut être est-ce la volonté d’un éléphant qui attends, placide, la mort, non pas des souris, mais des « paysans de la mer »…
Si les ostréiculteurs jettent l’éponge, ce n’est pas le cas de tout le monde. Il reste des associations qui sont plus motivées et mobilisées que jamais. Quand à moi, je continuerai à contribuer modestement à leur combat en faisant dons de mes photos. Et on verra bien si la situation évolue…
Voici donc, pour vous chers lecteurs, mes dernières prises de vues aériennes du Wharf et de l’usine:
Les élus du Bassin ont dû passer une mauvaise nuit.
Il était évident que les ostréiculteurs allaient profiter des Fêtes de la Mer et de la retransmission en Eurovision de la messe pour faire passer leurs messages.
Sur la Place Thiers, les élus sont alignés devant le Cardinal Ricard. Entre Yves Foulon et Marie Hélène des Esgaulx se dresse le Sous-Préfet Ramon.
Les visages sont graves. A quoi pensent-ils ? problèmes personnels, carrière politique ? j’ai un maigre espoir que leur recueillement soit destiné au Bassin et à son avenir… Si seulement ils pouvaient prendre le temps de regarder le Bassin. Peut-être pourraient-ils alors se remettre en question.
Le Cardinal est porté sur sa chaise au bout de la jetée Thiers. Des bateaux attendent d’être baptisés. Les ostréiculteurs se sont placés devant sur leurs plates, brandissant leurs banderolles et leurs messages. Les élus sont mal à l’aise.
Une plate passe devant et ses occupants arrosent les officiels avec de l’eau de mer. Il fallait s’y attendre.
Moi je filme et je prends des photos. J’observe.
En bas, sur la plage, les ostréiculteurs proposent une grande dégustation d’huîtres aux touristes et en profitent pour plaider leur cause. On sent que les gens veulent comprendre ce qui se passe. On parle du test souris, de la pollution, du Wharf, de l’Usine Smurfit, de l’augmentation démographique. Mais je n’ai pas le sentiment que les touristes y comprennent grand chose. Ils ne sont là que pour quelques jours alors que peuvent-ils voir du Bassin ? la seule chose qui leur importe c’est de manger des huîtres. Preuve en est que les huîtres sont, encore plus que les Cabanes Tchanquées, l’emblème du Bassin.
Le Sous-Préfet Ramon et le Conseiller Général Jacques Chauvet viennent rejoindre les ostréiculteurs. Il reste UNE huître pour le Sous-Prefet: « la seule du Banc d’Arguin! » lance un représentant des ostréiculteurs. Le sous-préfet l’ingurgite. » Voilà ! nous venons de réaliser le test SOURIS ! » … Le sous-préfet et Jacques Chauvet rient jaune…
Puis, je discute avec les ostréiculteurs qui ont été accrocher des banderoles sur les Cabanes Tchanquées la veille. Nous parlons du Bassin. Ceux là me confient que depuis deux ans ils trouvent que la flore à changé sur le Bassin. Elle est moins généreuse. Ceci vient confirmer ce que je ressentais également d’un point de vue purement visuel.
C’est vrai que depuis l’année dernière, quand je pars faire mes prises de vue sur le Bassin, j’ai la vision d’une nature en train de mourir lentement…
Le problème dans l’écologie, c’est que les conséquences d’une pollution, quelle qu’elle soit, ne sont jamais immédiates. Il faut plusieurs années pour les percevoir et en général, c’est trop tard. C’est tout à fait ce que je ressent ici. Certains me reprochent de voir tout en noir et d’avoir un discours pessimiste, voir parano, mais moi je veux juste utiliser la liberté d’expression pour donner mon sentiment et lancer un débat avec ceux qui me lisent ou qui m’écoutent.
Si seulement il y avait un débat…
Mercredi prochain les élus accompagnent les représentants des ostréiculteurs au ministère de l’agriculture et vont réclamer le retrait du test souris. Je pense qu’ils vont l’obtenir.
Que va t-il se passer ensuite ?
Les ostréiculteurs vont-ils reprendre sagement le chemin de leurs parcs sans plus jamais parler ni du Wharf, ni de Smurfit, ni d’urbanisation..?
C’est bien possible.
à suivre…
[gv data= »http://www.dailymotion.com/swf/k1ZBqdpJkdCr2fKEfS&related=0″][/gv]
Aujourd’hui s’est déroulé sous mes yeux et devant mon objectif un événement que j’attendais depuis si longtemps…
Enfin, la vérité a fini par éclater.
Qui pourra nier, après cette journée qu’il existe bien un problème de fond à traiter sur le Bassin, et ce, de toute urgence !
Nous voici donc environ 600 personnes rassemblées à l’entrée de l’usine Smurfit Kappa de Facture Biganos.
Il y a là la quasi totalité des ostréiculteurs, des membres d’associations écologiques, quelques inscrits à ma newsletter, des enfants, des vieux, et un ancien élu : René Serrano, conseiller général jusqu’en 2008…
Il y a aussi la presse, venu en nombre : Sud Ouest, la Dépêche, Le Marin, M6, TV7, TF1 et une radio.
René Capo du comité de vigilance de Biscarosse est là aussi, ainsi qu’un ami, admninistrateur d’un site internet bien connu qui a depuis longtemps abordé les problèmes d’environnement sur le Bassin.
Pour ceux qui ne connaissent pas, l’usine Smurfit, qui fabrique du papier kraft, est situé en bordure du Bassin.
Si vous êtes venu au moins une fois sur le Sud Bassin en voiture, il est impossible que vous n’ayez pas senti cette odeur immonde sur l’autoroute au niveau de la sortie Facture Biganos.
Une question que je me suis toujours posé : l’industrie du papier étant l’une des plus polluante qui soit, comment se fait-il que les élus, qui se sentent sois disant concerné par l’environnement, n’aient jamais tenté de la faire déménager ?
Elle n’est en effet située qu’à quelques centaine de mètres de la Leyre et du Bassin.
Dire que le service com du SIBA appelle ce secteur : « Le Coeur du Bassin » !…
Sur le coté de l’usine, un petit chemin conduit dans une zone ou la végétation, dense, cache une sorte d’étang… Nous ne sommes qu’à 400 ou 500 m de la Leyre qui rejoint le Bassin.
Même un aveugle pourrait y parvenir, il suffit de se laisser guider par l’odeur…
Nous y voici… devant nous le spectacle pitoyable d’un plan d’eau qui pourrait faire penser au Lac Rose non loin de Dakar que j’ai bien connu… Sauf qu’ici ce ne sont pas des cristaux de sel qui lui donne cette couleur rose mais des métaux lourds ! (en tous cas c’est ce qu’affirme l’ancien Conseiller Général présent sur les lieux)
Tout autour un spectacle de désolation. On dirait un bombardement au napalm !!!
Les femmes d’ostréiculteurs ont préparé une chanson.
J’interroge René Serrano qui semble étonné de découvrir ce plan d’eau. Il affirme que cela fait trente ans que nous rejetons des métaux lourds dans l’Océan ! Ce n’est pas de sa faute dit-il… lui n’était que conseiller général et non pas élu au SIBA et à la COBAN. Il ne pouvait donc pas savoir…
Je ne remettrait pas sa bonne foi en cause.
Puis, nous nous dirigeons vers une sorte de monticule…
Là, nous découvrons une décharge !
Des interviews sont données à la presse. Je suis à côté d’une journaliste de TF1 qui recueille le témoignage émouvant d’un ostréiculteur de la nouvelle génération qui sort tout ce qu’il a sur le coeur. Il n’est plus question ici de « test souris » mais de ce que l’on va laisser aux générations futures. Elle est, elle aussi, bouleversée par ce qu’elle voit et ce qu’elle filme.
La colère gagne la foule. Moi je suis silencieux. Moi qui suis toujours à gueuler, et on me le reproche assez souvent, je ne dis plus rien. J’observe, je filme, je prends des photos, j’écoutes les commentaires. J’entends des mots qui, associés les uns aux autres, résument assez bien la situation : « pognon », « immobilier », « tourisme », « politique », « people », « frime »… Je sais que là, devant mes yeux, se joue une partie décisive pour l’avenir du Bassin. Cela pourrait déclencher une prise de conscience générale.
Puis, tout le monde se dirige vers l’entrée de l’usine, gardée par une poignée de gendarmes.
Sitting devant la barrière. Peu à peu, les ostréiculteurs franchissent la barrière sous les yeux des gendarmes, impuissants devant cette foule hyper motivée.
Nous voilà maintenant à l’intérieur de l’usine. Que dire ? c’est une usine quoi ! une usine de papier, un des secteurs industriels des plus polluants de la planète. Tout est moche. Des amoncellements d’emballages cartons, destinés au recyclage, du bruit, de la fumée et cette odeur, cette putain d’odeur qui nous pique dans les narines et nous monte au cerveau. D’autres gendarmes qui se cachaient dans un petit local arrivent en courant pour essayer de contenir la foule mais rien n’y fait. Nous apprenons par un employé, qu’en fait, étant au courant de cette manifestation, la direction de l’usine à décidé de la faire tourner au ralentis… qu’est ce que cela doit être quand elle tourne à plein régime !
Les ostréiculteurs veulent la visiter cette usine. Eux, les paysans de la mer, qui travaillent avec les caprices de la nature et s’y adaptent, eux qui cultivent une des denrées des plus délicates qui soient, se retrouvent dans un environnement industriel, sale et écoeurant, presque apocalyptique, un « mamouth » qui se trouve pourtant à quelques centaines de mètres des chenaux et des estey qui conduisent à leurs parcs. Etonnant contraste…
Au bout d’une demi heure, nous ressortons de l’usine. Les ostréiculteurs voudraient rencontrer le directeur et surtout le sous préfet qui a laissé entendre qu’il venait. Mais il ne viendra pas.
A ce moment, le nouveau maire de Biganos, Bruno Lafon, dont j’ai pu lire quelques interventions éclairées liées au devenir du Bassin dans la presse, monte sur un muret, saisit le micro et s’adresse à la foule. Il veut manifester sa solidarité aux ostréiculteurs. Il évoque le test souris, comme pour détourner l’attention du vrai problème. Selon lui, l’usine Smurfit ne doit pas servir de bouc émissaire. Bah tu parles ! source d’emploi et de revenus non négligeables pour sa ville, on va pas cracher dessus…
Il évoque alors d’autres sites pollués sur le Bassin. Je lui demande lesquels. Il répond: « …la décharge d’Audenge par exemple ! »
La conversation tourne court. Il s’en va.
Ensuite, les ostréiculteurs quittent l’usine et partent bloquer la voie rapide au rond point de Gujan. Classique…
Au stade où nous en sommes, voici mon analyse de la situation.
Les souris meurent en période de forte affluence sur le Bassin et de température élevée.
Les analyses qui sont effectuées ne présentent aucune pollution dans les eaux du Bassin.
Mais :
1. Les souris meurent et uniquement à cette période sans que l’on puisse savoir pourquoi…
2. Les élus du Bassin ont TOUS voté non à Natura 2000 sans cacher qu’ils ne souhaitaient pas que le Wharf soit inclus dans le zonage…
3. Il y a de plus en plus de bateaux au Banc d’Arguin du 15 juillet jusqu’à fin août…
4. L’usine Smurfit stocke ses déchets industriels et ses eaux usées à proximité de l’Ayga et de la Leyre
5. Certains élus admettent publiquement que d’autres zones sont polluées sur le Bassin…
6. Marie Hélène des Esgaulx, députée maire de Gujan Mestras vise les sénatoriales dans quelques mois
7. Yves Foulon, maire d’Arcachon, et depuis peu Président de la COBAS, compte bien, du coup, prendre la place de député à la place de MHDE
8. Monsieur Eroles, nouveau maire de la Teste reste sur son projet de créer un port dans les Prés Salés et se prend la tête avec les défenseurs de l’environnement concernant des projets immobiliers au Pyla…
Je recommande vivement à toutes et à tous d’acheter le dernier magazine Geo actuellement en kiosque. C’est un spécial « Bassin vu du Ciel ». L’enquête, excellente, de la journaliste Sylvie Buy apporte une vision tout à fait pertinente, que je partage. Et vous ?
à suivre…
PS: Je rappelle que ce blog est ouvert à tout le monde, même à ceux qui ne partagent pas ma vision des choses. Beaucoup de visiteurs sur ces dernières pages mais… aucun commentaire… auriez vous peur de vous exprimer…?