Après un an de prises de vues dans le plus grand secret, je dévoile les photographies de ma série « Carbone 214 ».
Il s’agit d’un projet artistique et documentaire ayant pour sujet la forêt brûlée de la Teste de Buch, après les terribles incendies de juillet 2022.
D’abord réaliser un instantané de ce qu’il restait de cette forêt avant les grands travaux de coupes et de nettoyage, et bien sûr documenter ce gigantesque chantier jusqu’au résultat final: un paysage de désolation auquel il va falloir maintenant redonner vie.
Je me suis donc rendu plusieurs fois par mois pendant un an au coeur de la forêt usagère en me concentrant tout particulièrement autour de la fameuse « piste 214 », cette route à partir de laquelle ce dramatique incendie a démarré, causé par un véhicule utilitaire en feu.
Très vite, j’ai compris que mes sessions ne devaient pas durer plus d’une heure ou deux, car le sujet offrait assez peu de diversité. Partout autour de moi, des arbres calcinés, des troncs rongés par les flammes, et des murs de billots entassés les uns sur les autres, avant d’être évacués par des dizaines de camions dans un va et vient interminable.
Un spectacle de catastrophe naturelle ou de bombardement, duquel il faut s’extraire rapidement pour ne pas sombrer dans la dépression, tant la perte est difficile à supporter.
Au fil des mois et des saisons, pins après pins, chênes après chênes, cette forêt naturelle, autrefois dense et précieuse, laissait place au vide, comme tondue.
Il faut se souvenir de cette piste 214, surnommée par les locaux « la route des sénégalais » (en référence au cimetière des tirailleurs sénégalais de la Guerre 14-18), que l’on utilisait comme raccourci pour se rendre à la Dune du Pilat ou aux plages océanes. A l’ombre d’une forêt dense, sinueuse à souhait, avec son goudron cabossé, elle faisait partie des mythes entretenus par la population locale, du moins jusqu’à ce que les gps et l’application waze viennent briser le secret.
Ce travail terrestre, je l’ai complété par un travail aérien, notamment pour toute la partie dunaire, gérée par l’ONF.
Au final, une sélection d’une centaine de photos, que je vais devoir maintenant organiser avec plus de précision pour créer une exposition et pourquoi pas un ouvrage.
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