Cette semaine, j’ai eu l’immense privilège de me faire portraitiser par Yann Arthus-Bertrand.
Yann est venu à Bordeaux avec son studio et son équipe pendant trois jours pour portraitiser les habitants dans le cadre de son projet « Les Français ».
Je ne pouvais pas rater cette occasion, cinq ans après qu’il ait signé la préface de mon livre « Une Autre Planète ».
Pour l’occasion, j’avais choisi de revêtir ma combinaison de vol que je portais sur la base de Ouakam (DA 160), à Dakar entre 1993 et 1995. Je n’avais que 22 ans et j’étais photographe dans l’Armée de l’Air.
Je n’ai pas oublié ce jour où je suis rentré dans la librairie de Dakar et que je tombais sur un des premiers livres de photos aériennes de Yann. Un livre sur la Bretagne. Ce fut une révélation ! Moi qui ne prenait que des photos à caractère , je découvrais qu’il était possible de réaliser des prises de vues artistiques.
Je décidais donc que lors du prochain vol en hélico, je demanderai au pilote un peu plus de temps pour m’essayer à cette discipline.
Malheureusement, le vol suivant ne se passa pas comme prévu. Alors que j’étais prêt à embarquer à bord de l’Alouette III, le pilote m’annonça que ma mission photo était annulée et remplacée par une autre.
Je laissais donc ma place à un officier médecin.
Deux heures après leur décollage nous apprenions le crash de l’hélico au Lac Rose ! heureusement, par miracle, tout l’équipage sorti indemne.
Le temps que l’Alouette soit remplacée, et du fait que j’étais à la fin de mes deux années de contrat, je n’eu finalement pas d’autre occasion.
Ce n’est que cinq ans plus tard, installé sur le Bassin d’Arcachon, que je pu enfin revoler, en ULM cette fois, en compagnie du pilote Michel Boudigues.
La suite vous la connaissez, ce sont vingt années de prises de vues aériennes à caractère artistique, des milliers de photos vendues et sept livres.
Il était donc primordial pour moi de boucler la boucle sous le regard de Yann.
En plus de ma combinaison de vol (dans laquelle je rentre toujours à 53 ans !) je portais la quasi totalité des appareils photos qui m’ont accompagné pendant ces trente années de carrière.
Cette petite séance photo fut un vrai bonheur. Un moment de partage avec Yann et son équipe, plein de gentillesse et de bienveillance.
Merci Yann !
Après un an de prises de vues dans le plus grand secret, je dévoile les photographies de ma série « Carbone 214 ».
Il s’agit d’un projet artistique et documentaire ayant pour sujet la forêt brûlée de la Teste de Buch, après les terribles incendies de juillet 2022.
D’abord réaliser un instantané de ce qu’il restait de cette forêt avant les grands travaux de coupes et de nettoyage, et bien sûr documenter ce gigantesque chantier jusqu’au résultat final: un paysage de désolation auquel il va falloir maintenant redonner vie.
Je me suis donc rendu plusieurs fois par mois pendant un an au coeur de la forêt usagère en me concentrant tout particulièrement autour de la fameuse « piste 214 », cette route à partir de laquelle ce dramatique incendie a démarré, causé par un véhicule utilitaire en feu.
Très vite, j’ai compris que mes sessions ne devaient pas durer plus d’une heure ou deux, car le sujet offrait assez peu de diversité. Partout autour de moi, des arbres calcinés, des troncs rongés par les flammes, et des murs de billots entassés les uns sur les autres, avant d’être évacués par des dizaines de camions dans un va et vient interminable.
Un spectacle de catastrophe naturelle ou de bombardement, duquel il faut s’extraire rapidement pour ne pas sombrer dans la dépression, tant la perte est difficile à supporter.
Au fil des mois et des saisons, pins après pins, chênes après chênes, cette forêt naturelle, autrefois dense et précieuse, laissait place au vide, comme tondue.
Il faut se souvenir de cette piste 214, surnommée par les locaux « la route des sénégalais » (en référence au cimetière des tirailleurs sénégalais de la Guerre 14-18), que l’on utilisait comme raccourci pour se rendre à la Dune du Pilat ou aux plages océanes. A l’ombre d’une forêt dense, sinueuse à souhait, avec son goudron cabossé, elle faisait partie des mythes entretenus par la population locale, du moins jusqu’à ce que les gps et l’application waze viennent briser le secret.
Ce travail terrestre, je l’ai complété par un travail aérien, notamment pour toute la partie dunaire, gérée par l’ONF.
Au final, une sélection d’une centaine de photos, que je vais devoir maintenant organiser avec plus de précision pour créer une exposition et pourquoi pas un ouvrage.
Pour découvrir toutes les photos, cliquez ici.
Cet hiver, comme tous les hivers depuis trois ans, je suis retourné dans les montagnes des Hautes Pyrénées, espérant y trouver de nouvelles inspirations photographiques.
Mais finalement au lieu du froid et de la neige, ce sont plutôt des conditions printanières qui se sont imposées en plein mois de janvier.
Avec des journées à 27°c à Cauterets, autant vous dire que la neige a très vite fondu, m’obligeant à des randonnées de 16 km pour atteindre les paysages les plus hauts.
C’est ainsi que je me suis aventuré jusqu’au magnifique pic du Vignemale, et que j’ai pu réaliser la photo ci-dessous. Le problème des Pyrénées c’est l’orientation en contre jour du matin au soir. Heureusement un sapin m’a servi de pare-soleil et de premier plan.
Les autres photos ont été réalisées lors d’une randonnée suivante dans la vallée du Marcadau, ainsi que dans les alentours de Barèges.
Et puis, en février, la neige est revenue, et même en énorme quantité.
J’ai donc pu rechausser mes skis et monter au plus haut point de la station des Lys de Cauterets, afin d’atteindre le magnifique panorama offert par les Crêtes, et d’y réaliser deux grands panoramiques par assemblage, d’une définition permettant des agrandissements jusqu’à 3 m de long !
Je retournerai à Cauterets fin septembre puisque j’ai été sélectionné pour exposer ma série « ORGANIC » (donc mes photos aériennes du Bassin) au prochain Festival Photo de Cauterets.
Pour commencer cette nouvelle année 2024, j’avais envie de rendre un hommage à tous les pilotes qui m’ont permis de réaliser mes photographies aériennes depuis trente ans.
Tout à commencé lors de mon service militaire en 1993. A l’époque j’ai 22 ans et je travaille déjà dans la production audiovisuelle à Paris. L’obligation du service militaire va m’obliger à interrompre ma carrière, mais compte tenu de mes aptitudes, je vais obtenir non sans mal, un contrat de service long outre-mer en tant que photographe dans l’Armée de l’Air.
Je m’envole donc pour la base aérienne 160 de Ouakam, à Dakar, au Sénégal, et pour deux ans.
Sur place, j’ai la chance de faire équipe avec Norbert, un sergent chef qui va me donner ma chance et me laisser la plupart des missions photos en hélicoptère. Je vais donc faire mes premiers pas dans la photographies aérienne à bord d’une Alouette III, pilotée par le Lieutenant Colonel Guitat et le Capitaine Rougié.
Ce ne seront pas des photos artistiques comme vous pouvez vous en douter, mais cela me permettra d’acquérir une bonne expérience dans ce domaine assez particulier et exigeant.
Six ans plus tard, je me suis installé sur le Bassin d’Arcachon et j’ai ouvert ma petite galerie pour y proposer ma vision de ce territoire que je fréquentais depuis mon enfance.
Très rapidement, j’ai eu envie de réaliser des photos aériennes et je me suis donc tourné vers l’aéroclub d’Arcachon à l’aérodrome de Villemarie.
C’est à bord du Cessna 152, piloté par Sullivan, puis par que je vais réaliser mes premiers pas au dessus du Bassin.
C’est alors qu’un pilote atypique va venir à ma rencontre dans ma galerie.
Il s’appelle Michel Boudigues, il est pilote d’ULM et se propose de me transporter. On discute un peu de mes exigences en matière de sécurité, et il me montre sa jambe, enfin… une prothèse de jambe, et il me raconte son histoire.
Dans les années 80, Michel est un homme d’affaire des Landes. Il se rend au Vietnam pour un projet et c’est lors d’une correspondance vers Bangkok que son avion de ligne s’écrase, faisant 90 morts. Michel sera le seul rescapé mais il laissera sa jambe. Ce n’est qu’après ce terrible drame qu’il apprendra à piloter à l’aéroclub d’Arcachon, des avions d’abord, puis des ULM.
Ensemble, et pendant une dizaine d’années, nous allons réaliser un travail photographique aérien qui n’a jamais été égalé jusqu’à présent.
Notre complicité n’échappera pas au réalisateur Philippe Lespinasse qui fera de nous le fil conducteur de son magnifique film de deux heures « Les amoureux du Bassin » produit pour Thalassa et diffusé en 2014.
En 2011, je ferme ma galerie et prend un peu le large. D’abord aux USA où je réaliserai des dizaines d’heures de vol au dessus de la magnifique baie de Cape Cod dans le Massachusetts, puis dans l’archipel de Guadeloupe à bord d’un autogire. Ces deux projets photographiques, qui m’ont coûté assez cher, devaient aboutir à deux livres qui n’ont finalement jamais vu le jour.
En 2016, de retour sur le Bassin avec ma nouvelle galerie à la Hume, je reprend mes prises de vues aériennes en ULM, mais Michel ayant arrêté de voler, je poursuit l’aventure avec un autre pilote hors pair : Olivier Chaldebas, un ancien pilote de chasse, reconverti instructeur ULM.
Pendant plusieurs années, nous allons photographier le Bassin, parfois dans des conditions météo originales, et c’est lors de ces vols que je vais avoir l’idée d’orienter mon travail aérien vers une vision plus artistique et graphique. Cela aboutira au livre « Une Autre Planète », préfacé par Yann Arthus Bertrand.
Finalement, Olivier décide de quitter le Bassin et c’est un autre pilote talentueux qui va lui racheter son ULM: Jean-Michel Lenglet.
Je poursuit mon travail à ses côtés, mais malheureusement Jean-Michel est beaucoup moins disponible. Je partage donc mes vols entre lui et Yann, un autre pilote qui a racheté l’ULM A22 rouge de Michel Boudigues.
Mais, deux jours avant un vol programmé à bord de cet ULM, il se crash en bout de piste, avec un autre pilote aux commandes. L’équipage s’en sort mais l’ULM est plié.
Les disponibilités de Jean-Michel étant de plus en plus incompatibles avec mes exigences de météo, de marées, et de lumières, je finit par rencontrer un autre ancien militaire reconverti en pilote d’ULM: Sylvain.
C’est donc avec lui que je vole depuis 2023.
Les prises de vues que je réalise impliquent de travailler avec des pilotes expérimentés et qualifiés pour la prise de vue aérienne (DNC Photo), à bord d’un ULM fiable. Malheureusement les accidents peuvent arriver et il convient donc d’éliminer le plus possible les risques.
Sans ces pilotes talentueux et passionnés, je ne pourrais pas accomplir ce travail, car il est bien entendu déconseillé de piloter ET de faire des photos en même temps.
Quant aux drones, à titre personnel, je les considère très utiles et performants pour la vidéo, mais pour la photographie, rien ne remplacera une vision directe depuis les airs, sans compter que mes boitiers moyens formats me permettent d’obtenir une richesse de détails, incomparable avec les minuscules capteurs embarqués sur les drones.
En juillet 2016, j’ai découvert l’utilisation frauduleuse d’une de mes photos sur un affichage publicitaire par un promoteur immobilier à Andernos les Bains. Ce qui aurait pu être une affaire simple et vite résolue à l’amiable s’est finalement transformée en une procédure judiciaire qui a duré plus de sept ans. Un premier jugement qui m’était favorable a été rendu par le Tribunal de Grande Instance de Bordeaux en juin 2020. Mais mes adversaires ayant fait appel, il a fallu deux années de procédure supplémentaire pour finalement obtenir un jugement avec des indemnités considérablement revues à la baisse, et des conséquences pour tous les photographes à cause de la jurisprudence générée par cette décision.
L’affaire ne s’arrête pas là puisque pour des raisons purement juridiques, j’ai saisi la Cour de Cassation. Encore deux ans d’attente sont nécessaires.
Néanmoins, l’affaire étant définitivement jugée sur le fond, je souhaite partager cette expérience avec mes confrères photographes, en espérant qu’ils y trouveront un intérêt.
En complément de l’article de six pages paru dans le magazine Profession Photographe du mois de novembre 2023, je vous propose d’aller plus loin dans l’analyse de mon procès.
En cliquant sur ce lien:
https://drive.google.com/drive/folders/1DqKfAvmAWdpTOxLiDGWrnNsdcN4uqXrw?usp=drive_link
vous pourrez accéder aux documents (délibérés et conclusions). Notez que les conclusions des différentes parties mises en ligne sont les conclusions finales, après de multiples échanges pendant toute la durée de la mise en l’état. Il faut considérer qu’il y a eu en réalité entre 2 et 4 échanges de conclusions entre les parties avant de clore les débats…
Je vous propose également une petite vidéo dans laquelle je vous donne mon ressenti personnel et je vous propose quelques pistes pour aborder un litige dans le cas d’une contrefaçon. Le but de cette démarche est de vous faire part de mon expérience et de vous éviter de vivre la même.
Mise à jour au 28.10.2023 : la vidéo sera accessible bientôt. Merci de revenir sur cette page dans quelques jours.
Pour son numéro du mois d’août, le magazine Terre Sauvage publie un portfolio consacré à mes photographies aériennes du Bassin.
Sur 7 pages, le magazine a sélectionné 10 photographies extraites de mon dernier livre « ORGANIC ».
Depuis quelques années, j’ai revu ma façon d’aborder le Bassin comme sujet de mes photographies.
Plutôt que de produire chaque année des dizaines, voir des centaines, de nouvelles photos, je préfère aujourd’hui me contenter de quelques nouveautés.
Cette année, et pour le moment, je ne propose que deux nouvelles photos.
Je les ai prises au printemps, en ULM et au dessus du Banc d’Arguin.
La première s’appelle « E V O L U T I O N ». Le titre m’est venu très naturellement puisqu’il s’agit justement de l’évolution de la conche Sud d’Arguin, qui cette année a beaucoup changé.
En tournant autour de cette conche, j’ai très vite eu la vision d’un visage, celui d’un personnage fantastique. J’ai donc eu l’idée de l’appeler « M A R V E L »
Ces deux nouveautés sont disponibles à la galerie et sur mon site dans les différents formats et supports.
Mais le mieux si vous le pouvez, est bien sûr de venir les découvrir à la galerie.
La chaîne locale TVBA m’a proposé de réaliser un petit sujet afin de présenter mon travail.
Bien que le format soit très court et très dense (réseaux sociaux obliges…), je trouve que le réalisateur a parfaitement réussi ce reportage, évoquant tous les aspects de mon activité: prises de vues aériennes artistiques, la galerie et les livres.
Cette année j’ai participé à trois concours photos dont celui organisé en marge du Festival Gravity qui se tenait à la Fondationn Good Planet de Yann Arthus Bertrand.
J’ai choisi la photo aérienne de la Réserve Naturelle de Petite Terre en Guadeloupe, que j’avais réalisé en 2017 et intitulé « 3 Colors ».
Cette photo avait déjà attiré National Geographic qui l’avait sélectionné à l’époque pour illustrer la Journée de la Terre.
Malheureusement pour moi, elle n’a terminé qu’à la cinquième place.
La photographie aérienne s’est considérablement démocratisé avec la diffusion des drones, de plus en plus performants et de moins en moins chers. Associé aux progrès de la retouche photo, les images aériennes époustouflantes inondent les réseaux sociaux et finissent par être banalisées.
Celle-ci en tous cas a été prise à bord d’un autogire et n’a pas été retouchée avec exagération. Le résultat final est conforme à la réalité.