Pour commencer cette nouvelle année 2024, j’avais envie de rendre un hommage à tous les pilotes qui m’ont permis de réaliser mes photographies aériennes depuis trente ans.
Tout à commencé lors de mon service militaire en 1993. A l’époque j’ai 22 ans et je travaille déjà dans la production audiovisuelle à Paris. L’obligation du service militaire va m’obliger à interrompre ma carrière, mais compte tenu de mes aptitudes, je vais obtenir non sans mal, un contrat de service long outre-mer en tant que photographe dans l’Armée de l’Air.
Je m’envole donc pour la base aérienne 160 de Ouakam, à Dakar, au Sénégal, et pour deux ans.
Sur place, j’ai la chance de faire équipe avec Norbert, un sergent chef qui va me donner ma chance et me laisser la plupart des missions photos en hélicoptère. Je vais donc faire mes premiers pas dans la photographies aérienne à bord d’une Alouette III, pilotée par le Lieutenant Colonel Guitat et le Capitaine Rougié.
Ce ne seront pas des photos artistiques comme vous pouvez vous en douter, mais cela me permettra d’acquérir une bonne expérience dans ce domaine assez particulier et exigeant.
Six ans plus tard, je me suis installé sur le Bassin d’Arcachon et j’ai ouvert ma petite galerie pour y proposer ma vision de ce territoire que je fréquentais depuis mon enfance.
Très rapidement, j’ai eu envie de réaliser des photos aériennes et je me suis donc tourné vers l’aéroclub d’Arcachon à l’aérodrome de Villemarie.
C’est à bord du Cessna 152, piloté par Sullivan, puis par que je vais réaliser mes premiers pas au dessus du Bassin.
C’est alors qu’un pilote atypique va venir à ma rencontre dans ma galerie.
Il s’appelle Michel Boudigues, il est pilote d’ULM et se propose de me transporter. On discute un peu de mes exigences en matière de sécurité, et il me montre sa jambe, enfin… une prothèse de jambe, et il me raconte son histoire.
Dans les années 80, Michel est un homme d’affaire des Landes. Il se rend au Vietnam pour un projet et c’est lors d’une correspondance vers Bangkok que son avion de ligne s’écrase, faisant 90 morts. Michel sera le seul rescapé mais il laissera sa jambe. Ce n’est qu’après ce terrible drame qu’il apprendra à piloter à l’aéroclub d’Arcachon, des avions d’abord, puis des ULM.
Ensemble, et pendant une dizaine d’années, nous allons réaliser un travail photographique aérien qui n’a jamais été égalé jusqu’à présent.
Notre complicité n’échappera pas au réalisateur Philippe Lespinasse qui fera de nous le fil conducteur de son magnifique film de deux heures « Les amoureux du Bassin » produit pour Thalassa et diffusé en 2014.
En 2011, je ferme ma galerie et prend un peu le large. D’abord aux USA où je réaliserai des dizaines d’heures de vol au dessus de la magnifique baie de Cape Cod dans le Massachusetts, puis dans l’archipel de Guadeloupe à bord d’un autogire. Ces deux projets photographiques, qui m’ont coûté assez cher, devaient aboutir à deux livres qui n’ont finalement jamais vu le jour.
En 2016, de retour sur le Bassin avec ma nouvelle galerie à la Hume, je reprend mes prises de vues aériennes en ULM, mais Michel ayant arrêté de voler, je poursuit l’aventure avec un autre pilote hors pair : Olivier Chaldebas, un ancien pilote de chasse, reconverti instructeur ULM.
Pendant plusieurs années, nous allons photographier le Bassin, parfois dans des conditions météo originales, et c’est lors de ces vols que je vais avoir l’idée d’orienter mon travail aérien vers une vision plus artistique et graphique. Cela aboutira au livre « Une Autre Planète », préfacé par Yann Arthus Bertrand.
Finalement, Olivier décide de quitter le Bassin et c’est un autre pilote talentueux qui va lui racheter son ULM: Jean-Michel Lenglet.
Je poursuit mon travail à ses côtés, mais malheureusement Jean-Michel est beaucoup moins disponible. Je partage donc mes vols entre lui et Yann, un autre pilote qui a racheté l’ULM A22 rouge de Michel Boudigues.
Mais, deux jours avant un vol programmé à bord de cet ULM, il se crash en bout de piste, avec un autre pilote aux commandes. L’équipage s’en sort mais l’ULM est plié.
Les disponibilités de Jean-Michel étant de plus en plus incompatibles avec mes exigences de météo, de marées, et de lumières, je finit par rencontrer un autre ancien militaire reconverti en pilote d’ULM: Sylvain.
C’est donc avec lui que je vole depuis 2023.
Les prises de vues que je réalise impliquent de travailler avec des pilotes expérimentés et qualifiés pour la prise de vue aérienne (DNC Photo), à bord d’un ULM fiable. Malheureusement les accidents peuvent arriver et il convient donc d’éliminer le plus possible les risques.
Sans ces pilotes talentueux et passionnés, je ne pourrais pas accomplir ce travail, car il est bien entendu déconseillé de piloter ET de faire des photos en même temps.
Quant aux drones, à titre personnel, je les considère très utiles et performants pour la vidéo, mais pour la photographie, rien ne remplacera une vision directe depuis les airs, sans compter que mes boitiers moyens formats me permettent d’obtenir une richesse de détails, incomparable avec les minuscules capteurs embarqués sur les drones.
Je suis très honoré d’apprendre que ma photographie aérienne « Yggdrasil » a séduit le jury du Chamonix Photo Festival, et remporte le premier prix dans la catégorie « Graphisme de la nature ».
Une photo qui a séduit aussi le public puisqu’il ne reste plus que 8 exemplaires sur les 30 tirages.
Voilà, nous sommes en plein dans l’été et il est caniculaire. Heureusement à la Galerie de la Hume il y a la clim ! 😉
Cette année, je n’ai pas fait de nouvelle photo du Bassin. J’ai un principe depuis vingt ans : je ne me force pas à faire des photos du Bassin si je n’ai pas une nouvelle idée ou un nouveau thème. Mon boitier moyen format n’a pas déclenché depuis le vol en ULM du 15 octobre 2018. Et c’est très bien comme ça. Pour moi, le Bassin n’est pas un produit de consommation, même si certains ont cru bon d’en faire une « marque territoriale » avec une soit disante « charte » et des soit disantes « valeurs » et un logo « B’A » qui a envahi nos nombreux ronds points. Je pense que le meilleur moyen de respecter le Bassin c’est de ne pas forcer les choses, de ne pas aller vite, et surtout de ne pas exploiter son image de manière primitive.
Des photos j’en ai des centaines qui n’ont pas pris une ride. D’ailleurs depuis quelques temps je m’amuse à ressortir des photos qui datent de presque dix ans et qui n’avaient pas encore atteint la limite des 30 exemplaires. C’est le cas de « Les Cabanes dans la Savane » et de « Arizona Dream » que je propose à nouveau mais en tirages très TRES grands formats.
Certes, je suis bien conscient que pour le plupart des acquéreurs, la motivation est purement décorative, mais il serait dommage de ne pas prendre en considération l’aspect patrimonial. Ces photos sont aussi le témoignage d’une époque. Le Bassin change constamment, pour des raisons naturelles et malheureusement de plus en plus aussi par l’urbanisation et l’artificialisation des lieux. Mais un autre phénomène est venu perturber mon travail : les restrictions et interdictions d’accès à des sites emblématiques et fragiles devenus trop fréquentés.
Ceci me complique la tâche et il va me falloir redoubler d’imagination pour trouver de nouveaux axes de prises de vues.
En attendant, je vous invite à venir découvrir la version en tirage subligraphie de l’Arbre Généalogique, encadré en caisse américaine en noyer massif, des très grands panoramiques de « The Pink Lady », « Les Culs Nus », « Les Cabanes dans la Savane », « Le Domaine des Dieux », « Arizona Dream », « Piraillan », « Horizon », « Gaillouneys, heure bleue » et bien d’autres…
Il reste encore quelques exemplaires disponibles de « Ancre de Chine » désormais proposée uniquement en subligraphie 90×120 (ou plus grand) et de « La Colère du Phénix ».
Pour les adeptes de la finition laminage sur bois, j’ai un choix importants de tirages en formats 60×60, 80×80, 60×80 et panoramiques 60×130, dont 3 exemplaires de l’Arbre Généalogique disponibles en 60×80 à 189 €.
Concernant les livres, il ne reste que 300 exemplaires de « Une Autre Planète » et à peine une vingtaine de « J’ai Rêvé du Bassin ». Mon prochain livre est en gestation mais cela reste encore assez vague dans mon esprit. Là aussi, je prend mon temps, comme si je devais attendre la marée pour partir. C’est cela le Bassin !
Je vous attend donc à la Galerie tout l’été du mardi au samedi de 10h00 à 12h30 et de 16h00 à 19h30 (et sur rendez-vous en dehors de ces horaires si vous le souhaitez). Passez un bel été et surtout… prenez le temps, rien ne presse ici 😉
Vous pouvez afficher et imprimer cet index gratuit qui vous permettra d’en savoir plus sur les photos du livre :
Cette année l’été indien m’a donné du fil à retordre. Avec le réchauffement climatique, ce n’est plus comme avant. Finit la belle époque ou la douceur s’installait sur le Bassin pendant plusieurs semaines avec son lot de lumières extravagantes et ses conditions parfaites pour sublimer les paysages du Bassin. La magie est encore là mais les instants sont plus rares et il me faut guetter le ciel en permanence et être prêt à sauter sur la moindre occasion pour pouvoir réussir quelques photographies originales.
C’est ainsi que j’ai consacré tout mon temps en octobre. Ceux qui suivent mes petites aventures photographiques sur mon compte instagram se souviendront certainement de ces publications mises en lignes parfois en direct 😉 :
Bien sûr, après presque vingt années à photographier le Bassin il n’est pas question de se répéter. Il me faut constamment me renouveler et explorer de nouvelles pistes. J’ai donc poursuivi ma série « Milky Way » et je suis allé plusieurs fois en haut de la Dune du Pilat pour capter la voie lactée au dessus de notre « petit sahara ».
Pour réussir ce type de photograpies il faut réunir plusieurs conditions :
– le moins de pollution lumineuse possible, donc de préférence une nuit sans Lune
– un ciel parfaitement dégagé, pas trop de vent, pas trop froid (car ce sont de longues heures d’attente)
– et bien sûr, il faut que la voie lactée soit au rendez-vous
Lorsque ces conditions sont réunies je peux espérer capter quelque chose. J’utilise une application « carte du ciel » sur mon smartphone pour voir où se trouve exactement la voie lactée puis je réalise ma composition. Dans la nuit, pour les réglages et notamment la mise au point, il faut y aller à « tatons ». En général je suis obligé de superposer plusieurs photos avec plusieurs temps d’exposition. La très haute sensibilité du capteur de mon boitier moyen format numérique me permet de récupérer des informations non visibles à l’oeil nu qu’il ne me reste plus qu’à traiter à l’étalonnage par la suite. Vous l’aurez compris ce type de photo nécessite beaucoup, mais alors vraiment beaucoup de travail et de patience. J’espère que le résultat vous plaira.
J’ai aussi souhaité réaliser quelques photographies N&B qui sont disponibles en formats carrés, du 60×60 au 100×100. J’ai cherché à me rapprocher du style de l’un de mes mentors : le photographe Raymond Depardon, qui utilisait beaucoup le film Kodak TriX400 dans ses prises de vues de paysages. Ce sont des images très contrastées avec du vignetage et un peu de grain.
Je vous propose également trois nouveaux panoramiques dont une vue absolument magique réalisée au moment de l’heure bleue au Banc d’Arguin que j’ai intitulé « Le Paradis Bleu » . Là encore, je tiens à préciser qu’une telle photo ne s’improvise pas. A ce panoramique d’une netteté absolue s’ajoute une vue prise sur le sentier du littoral au niveau du Port de Meyran et une nouvelle photo de la Conche du Mimbeau aux couleurs douces et reposantes.
Quant aux prises de vues aériennes, j’ai décidé de n’en dévoiler qu’une infime partie puisqu’elles sont avant tout destinées à composer mon prochain livre « Une Autre Planète » qui sortira avant l’été prochain. Bien entendu, il y a « Ocean of Love » cette fameuse photo du coeur parfait formé par l’écume des vagues que j’ai choisi de ne pas limiter à 30 exemplaires afin de pouvoir vous la proposer dans des petits formats plus accessibles tels que 24×30 (29€), 40×50 (49€), mais aussi 60×80 (189€) et jusqu’à 1m25 x 1m65 !
Toutes ces nouveautés sont dès à présent disponibles sur mon site (rubrique « Eté Indien 2017) dans tous les formats et supports avec une livraison directement chez vous. Concernant la Galerie de la Hume, les tirages sont en cours au laboratoire photo et je devrai les recevoir à la Galerie avant le 15 décembre. Attention, je n’ai commandé qu’un seul exemplaire par photo. Premiers arrivés, premiers servis 😉
Avant de repartir aux Antilles pour continuer mon grand reportage sur la Caraïbe, je tenais à faire quelques nouvelles prises de vues aériennes du Bassin.
Nous voilà donc repartis dans les airs avec Michel Boudigues et son ULM rouge.
Nous n’avons pas d’objectif précis. Je lui ai dit : on décolle et on verra bien ce qui se présente à nous. Et c’est ce que nous avons fait sur deux vols d’une heure à des heures différentes pour avoir des ambiances différentes.
Pour cette fois, j’ai décidé de ne pas toucher aux images pendant des mois et de revenir dessus cet hiver. J’aime bien faire ça. Entre temps j’ai oublié ce que j’ai capturé et cela me permet de redécouvrir mes photos plus tard avec plus de recul. En général c’est efficace. Je suis plus sélectif. Des images prises avec le Pentax 645 Z de 51 Millions de pixels que vous ne verrez donc pas tout de suite…
Je suis de retour sur le Bassin pour quelques temps et je viens d’acquérir un nouveau boitier moyen format, numérique cette fois-ci : le Pentax 645 Z. Une « bête de guerre » de 51 Millions de pixels, tropicalisé et qui peut aussi faire de la vidéo. Bref, j’ai un nouvel outil et hâte de le tester dans mes conditions habituelles. Ca tombe bien, je viens de recevoir l’info que deux Pen Duick, le III et le VI qui étaient en escale à Bordeaux ont largué les amarres pour le Bassin ce matin de bonne heure et qu’ils devraient être dans les passes en milieu de journée. Aussitôt j’appelle Olivier Chaldebas, l’autre pilote d’ULM avec qui je travaille régulièrement. Non seulement il est dispo mais en plus, étant passionné par ces navires il est emballé à l’idée d’aller les rencontrer au dessus des passes. Je prends donc contact avec le Sémaphore du Cap-Ferret et un marin me préviendra quand les bateaux seront en vue. Sympa !
Nous décollons donc vers 15h30 et partons à leur rencontre. Les deux navires sont assez éloignés l’un de l’autre et viennent juste de rentrer leurs spis. Zut ! Du coup, ils ne sont qu’à la grande voile et ce n’est pas très esthétique…
Nous attendons pas mal de temps avant qu’ils n’atteignent les passes et en attendant je profite d’un ciel particulier pour faire mes premières photos avec ce nouveau boitier. Finalement je finis par réussir les photos que je voulais.
Je vous les montrerais plus tard car le traitement de ces images n’est pas dans mes priorités actuellement.
J’en profite pour vous signaler que vous pouvez également suivre mes aventures photographiques sur Instagram sous le profil « scottographe »
Malheureusement, l’été n’aura pas été toujours aussi gaie. Une saison estivale ensoleillée mais assombrie par plusieurs disparitions de personnes que j’affectionnais.
Il y a d’abord eu la disparition de Lucien Ouvrard, un retraité testerin atteint de Alzheimer et que nous avons cherché pendant 11 jours avec de nombreux bénévoles alertés par la page fb « Le Bassin, un Paradis Menacé ». Au cours de cette tentative de sauvetage, j’ai pu mesurer à quel point l’entêtement d’un sous-préfet et la concurrence entre les services de police et de gendarmerie, pouvaient avoir des conséquences dramatiques. Lucien est mort, seul dans un bois, après avoir marché pendant plusieurs jours, et tandis que sa famille s’angoissait de jour en jour. Je tiens ici à remercier tous les bénévoles qui se sont mobilisés pour cette recherche. Je reste convaincu que nous aurions pu le retrouver en vie si nous n’avions pas été confrontés à la mauvaise volonté des autorités locales. Je note également que les élus du Sud Bassin n’ont jamais proposé une aide quelconque à la famille pendant toute la durée des recherches. La presse locale ne s’est pas beaucoup mobilisé non plus. Nous dirons que le service minimum a été assuré alors que les bénévoles et la famille, eux, ne comptaient pas leurs heures pour retrouver ce pauvre Lulu.
Puis, ce fut la disparition du jeune Jeremy Lavarda, 30 ans, que je connaissais depuis son enfance. Il était chez moi la veille de sa mort et nous avions discuté longuement de son avenir dans l’audio-visuel. Né à la Teste, surfeur, il était un amoureux inconditionnel du Bassin. Nous avions aussi parlé de la pollution et du Wharf. Allez savoir pourquoi, c’est au Wharf qu’il s’est noyé le lendemain. Ce putain de Wharf, je le déteste vraiment.
Enfin, c’est une figure d’Arcachon qui est partie, lui aussi trop tôt. Bruno Epeldé, un des mecs les plus gentils que l’on puisse rencontrer. Il était d’ailleurs l’une des premières personnes que j’ai connu en m’installant sur le Bassin il y a 14 ans. Issu d’une famille d’arcachonnais bien connue, il avait choisi une vie tranquille, sans contraintes, sur sa terre du Bassin. Il était un passionné de pinasses, de bacs à voile, et il était toujours prêt à rendre service. Il travaillait au Port d’Arcachon. Tout le monde le connaissais. Un accident de scooter au Mouleau, une disparition brutale à laquelle personne n’aurait pensé.
Je ne les oublierai pas.