Chaque année je participe au plus grand concours photo réservé aux professionnels : Les Photographies de l’Année.
Ce concours est organisé par le magazine Profession Photographe et propose de concourir dans différentes catégories : Portraits, Mode, Nus, Culinaire, Publicité, Sport, Création Numérique, Architecture, Reportage, Mariage, Nature et Environnement et Paysages.
Pour participer, les photos doivent obligatoirement avoir été prises dans l’année précédente le concours. Donc pour cette année ce sont les photos prises entre le 1er janvier et le 31 décembre 2016. Ceci est important car cela permet de s’assurer que les photographes ne ressortent pas des anciennes photos de leurs archives et d’assurer ainsi la nouveauté.
Chaque année je suggère aux créateurs de ce concours la création de deux catégories supplémentaires : Photographie Aérienne et Photographie Panoramique, car je trouve que ce sont vraiment deux spécialités à part mais pour le moment ce n’est pas à l’ordre du jour. Je ne désespère pas 😉
J’avais déjà remporté la troisième place en 2014 avec une photo panoramique de Guadeloupe en catégorie Paysage.
Cette année, le jury a retenu une de mes plus récentes photos aériennes du Banc d’Arguin sur le Bassin d’Arcachon que j’avais soumise en catégorie Nature et Environnement. Cette prise de vue réalisée à bord de l’ULM de mon ami pilote Michel Boudigue a été prise au dessus de la dernière conche de la Réserve. On y voit les parcs à huitres et des couleurs mélangées de vase, de rouille et de sable. Le choix d’un cadrage complètement vertical met l’accent sur le côté graphique et même abstrait de ce paysage original.
« Une autre planète » (c’est le titre que j’ai donné à cette photographie) a finalement terminé en seconde place. C’est une place de mieux qu’en 2014 et je ne désespère donc pas de remporter le premier prix une autre année 😉
En tous cas je suis content que mon travail soit récompensé à chaque fois dans l’une de mes spécialités : le panoramique et l’aérien. C’est plutôt bon signe.
Félicitation à tous les finalistes dont vous pouvez retrouver les photos sur ce lien.
Et un grand merci à Pascal Quittemelle est son équipe pour ce qu’ils apportent à la profession de photographe qui fait face à des bouleversements qui rendent nos conditions d’existence de plus en plus précaires.
Rendez-vous l’année prochaine et cette fois, j’espère pouvoir me rendre à la remise des prix et rencontrer mes confrères et les partenaires de cet évènement.
Si vous êtes de passage sur le Bassin d’Arcachon, vous pouvez venir voir cette photographie de près en grand format dans ma galerie de la Hume. Et même, pourquoi pas, l’acquérir 😉
Après une ouverture plutôt réussie et prometteuse de la nouvelle Galerie à la Hume, il était temps de repartir réchauffer les objectifs en climat tropical.
Me revoici donc en direction du magnifique archipel de la Guadeloupe pour deux mois de prises de vues, notamment aériennes.
Il faut dire que j’ai toujours en tête ce projet de livre que je voudrais réaliser : » l’Archipel de Guadeloupe vu du ciel » (titre provisoire).
J’estime à une dizaine d’heures de vol pour parvenir à couvrir ce territoire relativement vaste puisqu’il contient plusieurs iles relativement espacées les unes des autres.
Je continuerai à voler en autogire avec Seb et Arnaud et à privilégier les lumières du matin et du soir.
Au niveau matériel : je reste fidèle à mon moyen format numérique Pentax 645 Z mais cette fois-ci j’abandonne définitivement les zooms AF qui sont de très mauvaise qualité et je n’utiliserai que des optiques fixes : un 33mm, un 55mm et un 120mm (équivalent à 28mm, 43mm et 90mm en 24×36). J’emporte aussi avec moi ma dernière acquisition : un fuji XT2 dont j’apprécie particulièrement le rendu du capteur Xtrans sur lequel j’ai monté un 10mm SamYang (équivalent 15mm en 24×36).
Ainsi je devrais pouvoir varier entre plans larges et détails.
Comme à chaque nouvelle aventure photographique, je vous invite à me suivre sur ma page fb et mon compte instagram qui sont mis à jour quasiment en direct.
La Galerie de la Hume sera fermée du 4 février au 6 avril 2017 pour cause de reportage en Guadeloupe.
Vous pouvez néanmoins acquérir mes photos et mes livres par mon site internet et vous faire livrer à votre domicile. Les frais de port sont gratuits.
N’hésitez pas à me contacter.
Merci de votre compréhension.
Cinq années après la fermeture de ma galerie d’Arcachon, passées à réaliser de belles prises de vues au delà de notre Océan, l’amour du Bassin ne m’a pas quitté et me voici enfin de retour avec une nouvelle galerie d’exposition bien plus grande et bien plus belle.
Pour cette nouvelle aventure je n’ai pas choisi de revenir en arcachonnie mais plutôt de m’installer à 12 minutes de là dans le village dans lequel je vis depuis 12 ans : La Hume à Gujan-Mestras. Après deux mois de travaux intensifs que j’ai effectué moi-même, je peux aujourd’hui vous accueillir dans un bel espace de 70 M2, bien éclairé et bien agencé.
Vous y trouverez mes photographies du Bassin d’Arcachon et d’ailleurs en tirages grands formats limités à 30 exemplaires sous différentes finitions : tirage argentique contre collé sur dibond alu avec chassis rentrant, tirage encre UV sur verre acrylique avec dibond et chassis, ou encore tirage argentique contre collé sur alu 1mm intégré dans une magnifique caisse américaine en bois blanche ou noire.
Les tarifs sont à peu près les mêmes que dans mon ancienne galerie mais avec des finitions bien plus luxueuses. Je travaille avec deux laboratoires PICTO réputés et reconnus dans la profession. A titre d’exemple un tirage argentique panoramique en 60×130 cm collé sur dibond 2mm avec chassis rentrant est à 350 € (exactement le même prix que dans mon ancienne galerie il y a 5 ans !). Et sur verre acrylique au même format : 410 €. Pour les budgets plus serrés, les formats 60×80 sont à 189 € pour un tirage collé sur dibond et 290€ pour un tirage sur verre acrylique. Cela reste donc très accessible pour des tirages de cette qualité et limités à 30 exemplaires. Attention, les tarifs affichés sur mon site internet ne sont plus d’actualité. Un soucis technique m’empêche pour l’instant de les modifier donc n’en tenez plus compte car ils sont plus élevés sur mon site qu’à la galerie…
Je vous propose également des tirages originaux réalisés sur place avec encre pigmentaire sur un très beau papier Harman 100% coton 300 g Mat au format 40×50 à… tenez vous bien… 49 € ! il s’agit de photographies inédites limités à 200 exemplaires. Vous pourrez facilement les encadrer avec un cadre du commerce ou par vous même si vous pratiquez l’encadrement. A moins que vous ne préfériez juste les collectionner en les conservant dans une belle boite.
Et bien sûr, tous mes livres sont disponibles dans ma galerie avec la possibilité de vous les dédicacer. A ce sujet, il me reste encore quelques exemplaires de mes 3 premiers ouvrages que vous ne pouvez trouver nul par ailleurs. Dépêchez-vous si cela vous intéresse car il n’en reste qu’une dizaine de chaque. Le dernier « J’ai Rêvé du Bassin » sorti l’année dernière est lui disponible en quantité. Pour le côté pratique : j’accepte les paiements par chèque et CB et je peux vous proposer des facilités de paiement pour les plus grands formats. J’ai aussi du papier cadeau si vous voulez jouer les pères Noel avec mes photos et livres 😉
La Galerie est située au 13 avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny à La Hume (Gujan-Mestras) C’est la rue principale avec tous les commerces et je me situe entre l’excellente patisserie La Maison Patissière et l’agence immobilière ERA
Tel : 06 61 63 52 62
Les horaires : du mardi au samedi, de 10:00 à 12:30 et de 15:30 à 19:30
Ouverture possible sur RDV y compris le soir, n’hésitez pas à me demander.
A très bientôt !
Décidément c’est la semaine des articles consacrés aux atteintes portées à mon métier ! Croyez bien que je préférerai parler ici de mes voyages et partager avec vous mes dernières photos, mais comprenez aussi que je peux plus rester muet face à toutes ces menaces qui pèsent sur ma profession. la photographie n’est pas qu’une passion pour moi. C’est surtout mon métier. Je n’ai pas d’autres sources de revenus. Or depuis quelques années, nous assistons à une profonde mutation de cette activité. L’ubberisation, la diffusion à outrance d’images par millions à la seconde sur les réseaux sociaux, le statut d’auto-entrepreneur qui a permis à des photographes amateurs d’officialiser le travail au noir ou plus simplement de se lancer comme photographe en dilétante, la crise qui traverse la presse papier depuis quelques années tout ceci participe à niveler par le bas une activité qui est à la fois un Art et un Métier.
Jusqu’ici, on pouvait encore compter sur les collectivités locales et territoriales qui ont besoin de belles photos pour mettre en valeur leurs paysages, leurs activités, leur patrimoine. Mais c’était sans compter sur la nouvelle trouvaille des petits génies de la communication qui gravitent autour de maires peu instruits et facilement influençables, voir corrompus. Ainsi, les concours photos foisonnent. Les plus grandes villes s’y mettent et à chaque fois les photographes professionnels s’indignent de conditions de règlements totalement abusives, voir illégales. « partagez votre passion pour votre ville, envoyez nous vos photos et vous serez peut-être publié gratuitement avec votre nom dans notre prochain campagne de com ! » voici le type de slogan que l’on peut lire à chaque fois. Mais, depuis quelques jours, un concours a dépassé toutes les limites : celui lancé par la Ville de Lège Cap-Ferret ! Cette station balnéaire du Bassin d’Arcachon, fréquentée l’été par la jet set et les familles fortunées parisiennes, n’a peut-être pas les moyens de payer quelques centaines d’euros à des photographes professionnels locaux (et il y en a des bons) pour répondre à ses besoins de communication ? alors l’idée de génie : « lançons un grand concours photo « visages et paysages » et constituons nous une banque d’images gratuite ! » En étudiant le règlement (que peu de participants liront c’est bien connu) on s’aperçoit en effet que les droits sont automatiquement cédés à la commune de Lège Cap Ferret pour une durée de 10 ans et qu’elle pourra les utiliser comme bon lui semble sur tout document de communication. Si on va plus loin dans l’analyse, rien n’interdit à la commune d’offrir vos photos ou même de les revendre à des tiers : magazines, éditeurs, banques d’images. En gros, en croyant participer à un simple concours, vous alimentez une banque d’images et vous retrouverez peut-être vos photos dans des brochures touristiques, des magazines et pourquoi pas des magnets ou des mugs ! non seulement vous ne toucherez rien mais vous aurez permis aux organisateurs et à leurs « amis » de créer une concurrence totalement déloyale pour des photographes professionnels qui, du coup, ne peuvent plus vendre leur travail. Pour le professionnel que je suis, ce genre de concours est préjudiciable car il donne le sentiment que la photo n’a plus aucune valeur commerciale. Tout le monde peut faire des photos et elles seront toujours assez belles pour faire la com gratuite de la collectivité. Le travail soigné des photographes professionnels se retrouve noyé dans une profusion de photos, sans cohérence, sans critères de qualité. Les conséquences de cette vulgarisation de la photo sont catastrophiques. Dernièrement un promoteur immobilier a utilisé sans autorisation une de mes photos pour illustrer une campagne de communication pour un gros programme immobilier. Ma photo est une accroche visuelle, reproduite sur une bâche de 60m2 exposée dans la rue et sur la couverture d’une plaquette commerciale. Son mode de défense est aujourd’hui de dévaloriser cette photo en prétextant qu’il aurait très bien pu en choisir une autre. Mais alors pourquoi avoir choisi celle-ci et sans autorisation ? Il y a d’une part un contexte de dévaluation et de nivellement par le bas, et d’autre part, des petits malins qui profitent de la situation pour spolier le travail des autres. Dans un pays qui brille par sa culture, il est regrettable que la photographie se retrouve si peu considérée. Alors, parce-que je refuse de crever sans me battre, je lance cette pétition que je vous demande de signer, pour soutenir les photographes professionnels mais aussi défendre le droit d’auteur et la création. Signez ici !
Cela faisait un moment que je voulais écrire un article sur mes préoccupations concernant mon métier. Mon confrère et ami Hervé Sentucq en a écrit un très fort sur la liberté de panorama il y a quelques jours et aujourd’hui, c’est à mon tour. Après de longues hésitations c’est la plateforme Shoot4Me qui a déclenché mon tir. (prononcez « shoot for me »).
Une bonne idée mais…
Lancée il y a un an cette start-up bordelaise propose aux photographes mais aussi aux « faux »tographes de répondre à des appels d’offres pour des reportages photographiques et des demandes d’images d’illustration. Autrement dit, des mandataires (entreprises, restaurants, agences immobilières, collectivités territoriales telles que des Offices de Tourisme, etc…) envoient sur le site le détail de la prestation souhaitée et les photographes inscrits peuvent répondre à l’appel d’offres. A la base, l’idée est très bonne. En effet, nous l’avons tous constaté, les mandataires ont parfois du mal à s’y retrouver dans la cohue des photographes, entre professionnels, amateurs, semi-pros, expérimentés ou non, spécialisés ou pas et des tarifs proposés qui vont du simple au quadruple parfois sans logique. De leur côté les photographes ont également de plus en plus de difficultés pour atteindre de nouveaux clients. Mettre en relation les uns et les autres sur une plateforme internet apparaît donc comme une solution au problème. Sauf que… selon moi, les concepteurs de Shoot4Me ont fait fausse route dès le départ. Au lieu de réserver leur plateforme aux photographes professionnels, ils l’ont ouvert à toute personne possédant de quoi faire une photo. Déclaré ou pas, équipé d’un smartphone ou du dernier réflex pro c’est pareil ! Certes, certains appels d’offres sont réservés uniquement aux photographes « certifiés » déclarés et possédant une assurance, certes il est mentionné dans ces offres le type de matériel qui ne peut pas être utilisé, il n’en demeure pas moins que globalement les conditions tarifaires sont difficiles à accepter pour de vrais professionnels. En effet, j’ai décortiqué avec minutie les derniers (rares) appels d’offres lancés par la plateforme. Et c’est édifiant !
Des « missions » sous évaluées
Prenons comme exemple cet appel d’offre du mois de juin 2016. Il s’agissait de photographier une compétition de mur d’escalade indoor à Bordeaux, suivie d’un cocktail. La « mission » (c’est le terme utilisé par shoot4me pour décrire un reportage photographique) était très précise, très détaillée, allant même jusqu’à préciser les types de cadrages souhaités et les mots clefs pour l’indexation. Le donneur d’ordre estimait la durée de la prestation à quatre heures (en soirée)… et proposait (« imposait » serait plutôt le terme approprié) 200 € au titre de la rémunération. Tout photographe professionnel et un tant soit peu expérimenté sait que les quatre heures se transformeront sur le terrain en 5 ou 6 heures. Mais ce qui est inquiétant c’est que dans le calcul des « missions » proposées par shoot4me il n’est jamais question du travail de post-production. Comment croire qu’un reportage puisse être livré sans être passé par un tri des photos, des re-cadrages, des mises à niveau, des améliorations de contrastes, de netteté, bref le béaba du métier ? Pour un reportage de ce type, et compte tenu du nombre de photos à livrer et des exigences mentionnées dans la « mission » j’estime personnellement le temps de post-production à 3 heures minimum. La prestation ne fait donc plus 4 heures comme indiquée mais 8 heures environ (sans le déplacement). Le calcul est simple : 200 € divisé par 8 = 25 €/h …BRUT ! Une fois les charges déduites, il ne restera environ que 15 €/heure net au photographe, soit au total 120 € pour une prestation équivalente à une journée complète de travail. Pour certains 15 €/h pour faire un métier qu’on aime, par les temps qui courent, cela peut apparaître comme bien payé, mais il faut considérer qu’un photographe n’est pas un électricien ou un plombier qui va avoir des chantiers quasiment tous les jours. Et c’est bien pour cela que le photographe doit facturer plus cher ses prestations faute de pouvoir vivre dignement de son métier. Pourquoi accepter de travailler à 15 € de l’heure quand n’importe quel artisan refuse de travailler en dessous de 40 € de l’heure ? L’UPP (Union des Photographes Professionnels) estime dans un article détaillé de son site que la journée de travail ne doit pas être facturée moins de 700 € si le photographe veut s’y retrouver au moment de faire son bilan en fin d’exercice. Avec Shoot4Me on en est loin !!!
Les institutions publiques complices
Prenons maintenant l’exemple de cette autre « mission » cette fois-ci proposée par le service communication du SIBA (Syndicat Intercommunal du Bassin d’Arcachon). Cette collectivité territoriale financée par les contribuables est en charge de la surveillance de la qualité des eaux du Bassin mais aussi de la promotion du tourisme (deux prérogatives qui sont en total conflit d’intérêt mais la question n’est pas là). Comme il n’y a pas assez de monde l’été sur le Bassin (ironie), ces génies de la communication ont trouvé un moyen de dépenser encore un peu plus d’argent des contribuables en créant une « marque » identitaire « Bassin d’Arcachon ». Je ne m’attarde pas dans ce billet sur ce que j’en pense et je vous invite plutôt à découvrir une de leurs offres de « mission » de reportage, extrêmement détaillée : lien mission SIBA Là encore il convient de décortiquer cet appel d’offre afin de comprendre pourquoi c’est inacceptable, à la fois pour les photographes qui se retrouvent à travailler pour presque rien et pour les contribuables qui risquent au final de payer une campagne de communication de mauvaise qualité. Le SIBA estime par exemple que le photographe pourra réaliser l’ensemble des scènes précises demandées en 6 demi-journées et même les compacter en 3 journées ! Sachant que le photographe devra lui même organiser les rendez-vous avec les différents protagonistes (chantiers navals, restaurateurs, artisans, associations et ostréiculteurs…) qui risquent d’être très occupés en pleine saison, cela relève de l’exploit ! Nous voici donc avec des exigences techniques dignes d’un « shooting » de publicité ou de mode pour un grand magazine, avec modèles, éclairages, assistants, stylistes, directeur artistique, sauf que là, le photographe est seul et payé une misère ! Cerise sur le gâteau : les droits sont inclus et pour une durée de… 10 ans ! Et à nouveau, ni le mandataire ni les responsables de shoot4me ne semblent se préoccuper de la partie post-production qui est pourtant essentielle ! J’ai bien étudié cette offre et j’ai estimé que ce ne sont pas 3 jours de prises de vues qui seront nécessaires pour un travail de qualité mais bien 6 demi-journées. A cela s’ajouteront 3 jours minimum de post-production. Sans compter que les conditions météo, la lumière, la bonne ou la mauvaise volonté des « modèles » ou encore les exigences du client obligeront peut-être à recommencer une ou deux scènes et que le photographe n’osera peut-être pas demander une rallonge de peur de perdre ce nouveau client si « prometteur ». Je ne rentre pas dans les détails financiers mais sachez que là encore, au final, le photographe se retrouve à un taux horaire inférieur à celui d’une femme de ménage non déclarée. Pouvons nous l’accepter ?
Concurrence déloyale
Shoot4Me ne s’arrête pas là. Le site relaye également des demandes d’images d’illustration, pour des sites internet, pour la couverture d’une brochure ou encore un flyer… ces demandes ne sont pas réservées aux professionnels. N’importe qui peut y répondre. Les rémunérations vont de 30 € à 300 €. D’ailleurs aujourd’hui un compte instagram qui s’appelle modestement « Bassin_dArcachon » a partagé l’offre du SIBA, sans mesurer un instant les conséquences que cela représente pour des professionnels.
Dans le cas présent, le SIBA (et oui encore eux !) pourrait tout simplement confier un petit budget de 600 € à l’un des nombreux photographes professionnels du Bassin ou de Bordeaux pour réaliser cette photo qui semble tout de même relativement importante. Mais non, pourquoi faire travailler un photographe alors qu’il y a peut-être quelqu’un qui aura une photo amateur en stock qui pourrait faire l’affaire et à bas prix ? et c’est tellement plus fun ! Dans d’autres cas de demandes d’images, le temps nécessaire à chercher une photo correspondante dans mes archives, à l’envoyer au client, à effectuer la facture si toutefois il la retient, à la rentrer en comptabilité, à relancer le client qui une fois sur deux a « oublié » de payer ne saurait être rentable pour 30 € brut ! mais cela, les concepteurs de shoot4me ils s’en balancent. Pour eux, ce qui semble compter c’est de donner l’impression que leur plateforme fonctionne, qu’elle génère du trafic, ceci afin de rendre crédible ce que toute start-up rêve de réussir : une levée de fonds !!! Et c’est bien là que je tiens à développer mon propos: sur l’absurdité de ce concept. Selon mon analyse les dirigeants de cette start-up se sont trompés de cible. Leurs clients auraient dû être les photographes et non les mandataires. Au lieu de prendre un pourcentage ridicule sur les appels d’offres aux tarifs sous-évalués car imposés par les donneurs d’ordre, shoot4me aurait dû se rémunérer sur une adhésion payante des photographes et éventuellement un petit pourcentage sur les transactions de paiement, à l’identique de ce qui se pratique sur des plateformes comme AirBnB. Ainsi, les photographes, qui sont les plus compétents pour savoir quels tarifs appliquer, auraient pu garder le contrôle de leur rémunération. Et cela est essentiel !
Infantiliser les photographes
D’ailleurs sur ce point, shoot4me prend les photographes pour des gamins, en employant un vocable limite naïf : « shooting », « mission photo » et j’en passe ! des expressions que l’ont retrouve en général dans le langage des jeunes (et moins jeunes) photographes débutants. ils ont même réussi à recruter des photographes professionnels chargés d’évaluer et de « certifier » leurs propres confrères ! sur quels critères objectifs ? ça je n’ai pas réussi à le savoir. Mais je ne doutes pas un instant que ces « élites de la photographie » ont dû se sentir flattés de la responsabilité qui leur incombe…à défaut d’une rémunération. Et oui, c’est cela l’économie « collaborative »…
Le coeur du problème
Mais revenons au problème de départ : la tarification. Comment en effet concevoir que ce qui ressemble à un appel d’offre puisse imposer un prix précis et non modulable ? Dans la normalité, le mandataire devrait définir ses besoins et attendre que les photographes lui fassent des propositions. Des propositions qui d’ailleurs ne seront pas forcément que financières mais aussi artistiques. Un bon photographe doit pouvoir prévenir son client de certaines difficultés qui n’avaient peut-être pas été évaluées et peut aussi apporter de nouvelles idées. Avec shoot4me ce n’est pas envisageable. Il y a une liste détaillée de photos à effectuer et le photographe est une sorte d’opérateur qui va venir appuyer sur le déclencheur.
Tirer les tarifs et la qualité vers le bas
Shoot4Me agit donc comme une agence de photographes alors qu’elle n’en n’a pas la légitimité car ses fondateurs n’ont pas la compétence nécessaire. En tirant ainsi les tarifs vers le bas, la plateforme encourage les mandataires à travailler avec des photographes peu expérimentés, prêt à tous les sacrifices pour démarrer leur activité, conquérir des clients, en espérant peut-être pouvoir ensuite augmenter leurs tarifs. Mauvaise stratégie car la réalité est que les mandataires ne feront que profiter de ce système jusqu’à épuisement. En essayant de gagner des clopinettes tout en participant malgré elle à affaiblir une profession déjà bien en difficulté, la jeune start-up risque de stagner sur ses faibles rentrées d’argent (ses dirigeants reconnaissent eux-mêmes ne pas être rentable) et de finir rapidement comme beaucoup d’autres : en liquidation judiciaire. Mais je ne doutes pas que les collectivités territoriales, qui ont bien compris l’intérêt qu’elles pouvaient en tirer en faisant des économies de bouts de chandelles sur les photos dont elles ont besoin pour communiquer, trouveront un moyen de financer via une levée de fonds publics cette entreprise qui ne peut pas, en l’état actuel du concept, être rentable. Alors pour moi, le photographe également contribuable, se sera un comble : avec mes impôts je participerai à creuser encore un peu plus ma tombe ! J’ai longuement hésité à écrire ce billet qui ressemble bien à une charge contre shoot4me car j’ai toujours aimé l’enthousiasme des entrepreneurs notamment dans les domaines du web. Ils cherchent souvent à répondre à des problématiques du quotidien en utilisant des moyens modernes adaptés à notre époque. Ils sont souvent très sympathiques et humains (ce qui est un drôle de paradoxe pour des gens qui passent l’essentiel de leur temps derrière un écran d’ordinateur) mais force est de constater que nombre d’entre eux vivent et évoluent avec naïveté dans une société qui n’est pas encore suffisamment préparée pour de tels bouleversements. Applications, automatisation, impression 3D, uberisation sont en train de détruire des métiers plus qu’ils n’en créent. Ils déstabilisent des professions, génèrent des conflits et créent du chômage de masse. L’emploi devient de plus en plus précaire et nos dirigeants politiques, une fois de plus, n’ont pas su anticiper.
Quel avenir pour les photographes ?
En tant que photographe professionnel et comme bon nombre de mes confrères de ma génération, je me pose donc beaucoup de questions sur mon avenir. Car je ne vis pas d’amour et d’eau fraîche. Il y a 25 ans, alors que le numérique n’existait pas encore j’ai choisi ce beau métier qui est aussi une passion. Je lui ai consacré l’essentiel de mon temps, allant même jusqu’à lui donner la priorité dans ma vie. A force d’apprentissages, d’échecs et d’obstination, j’avais fini par atteindre le succès et des revenus confortables. Je me suis adapté sans aucun problème à toutes les innovations technologiques et j’ai changé plusieurs fois de spécialités. La remise en question fait partie de mon quotidien mais j’ai le sentiment d’être allé au bout et que la seule alternative qui s’offre à moi c’est de régresser en me mettant au niveau des débutants. A 45 ans je suis bien loin de l’âge de la retraite et pourtant la question se pose : combien de temps vais-je pouvoir tenir ?
Pratiquant l’auto-dérision je dis souvent qu’aujourd’hui je fais des photos « à titre posthume ».
Mais je suis sûr d’une chose : shoot4me mourra avant moi.
Stéphane Scotto, auteur photographe.
Je tiens à préciser que j’ai plusieurs fois fait part de mes remarques par téléphone avec l’un des fondateurs de la plateforme qui a été très à l’écoute (même si au final il n’en n’a rien retenu), que je me suis déplacé à l’une de leurs journées de présentation et que j’ai trouvé cette équipe fort sympathique. Il n’y a rien de personnel dans mon billet qui est bien plus animé par une forme de désespoir et d’impuissance que par la rancoeur. Je ne supporte tout simplement plus la dévalorisation de mon métier.
J’aime le Bassin mais ayant l’opportunité de séjourner tout l’été sur la magnifique petite ile de St Barth, je n’ai pas hésité une seconde.
Ce sera l’occasion de poursuivre mes prises de vues, de parler un peu anglais, mettre à jour mes sites, écrire quelques articles, faire des rencontres.
Je ne suis pas non plus mécontent de m’éloigner de la foule estivale des juilletistes et aoutiens sur le Bassin d’Arcachon. Je reviendrais donc en arachonnie en septembre pour mon rendez-vous annuel avec les lumières magiques de l’été indien 😉
Après ces trois mois dans la chaleur tropicale des Antilles et quelques centaines de photos aériennes, me revoici sur le Bassin d’Arcachon.
Dès que je m’absente plus de 2 mois, le manque se fait ressentir. L’odeur particulière de l’iode, les huîtres, la douceur du climat ou au contraire la chaleur écrasante de l’été qui fait couler la résine des pins, les balades en pinasse ou en voilier, les apéros, les amis…toutes ces petites choses qui constituent mon quotidien depuis plus de 15 ans et qui ont inspiré des milliers de photographies, me manquent terriblement. « L’éloignement est un exhausteur de goût » comme dit souvent le député des français de l’étranger Frédéric Lefebvre en parlant de la France. Cela se vérifie aussi pour le Bassin.
Alors me voici de retour pour quelques semaines seulement. Je repartirai aux Antilles début juillet pour laisser le Bassin aux touristes de plus en plus nombreux et je ne reviendrai que début septembre à la faveur d’un été indien qui, je l’espère, me procurera les lumières dont j’ai besoin pour mes prises de vues.
En attendant, je vais profiter de ce petit séjour chez moi pour réaliser quelques photos et certainement aussi organiser une ou deux sessions de cours photos. Il y aura aussi début juillet une ou deux séances dédicace de mon dernier livre « J’ai Rêvé du Bassin ». Donc restez attentifs à ma page fb
J’ai le plaisir de vous annoncer la mise en ligne d’un nouveau site internet qui vous permettra de voir absolument toutes mes photos du Bassin d’Arcachon mais aussi mes autres prises de vues : Guadeloupe, St Barth, Lot et Garonne, Landes, Cape Cod, Garonne, NY, architecture, photos de plateau de cinéma, etc…
Voici le lien : http://stephanescotto.photoshelter.com
Je travaille également à la réalisation d’un nouveau site pour présenter de manière plus efficace mes photographies disponibles à la vente sous forme de tirages d’art.
J’ai toujours dans un coin de ma tête le projet de ré-ouverture d’une galerie en arcachonnie mais je recherche l’emplacement idéal et ce n’est pas évident.
En attendant, je vous rappelle que vous pouvez acquérir mes photographies via mon site habituel : www.stephanescotto.com