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St Barth et la Bucket Regatta

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Il me fallait quelque chose de positif pour oublier cette mésaventure administrative et l’impossibilité de récupérer mon Pentax645Z, toujours bloqué en métropole, puisque j’ai décidé de ne pas céder au racket de l’Etat (lire article précédent).

Heureusement, mon ami Pierre Carreau, photographe installé à St Barth, m’a proposé de venir le rejoindre à l’occasion de la Bucket, cette fameuse régate de grands voiliers de luxe.

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Bien sûr j’ai immédiatement accepté l’invitation. J’embarque donc quelques jours plus tard à bord d’un twin- otter d’Air Antilles Espress  pour un vol de 45 minutes qui va m’emmener sur une ile vraiment à part. Pour la deuxième fois je survit à l’atterrissage (la piste de St Barth est l’une des 5 plus dangereuses du Monde) mais quel bonheur d’atterrir devant une plage aussi splendide que celle de St Jean.  Pierre m’attends et nous voilà partis directement nous enregistrer auprès de l’organisation de la Bucket. L’idée est de trouver une place sur le bateau presse pour le lendemain, ce que nous obtiendrons sans problème.

Les voiliers sont là, superbes, majestueux. Il y en a pour tous les goûts :  ultra modernes et design, comme « Better Place », le Wally. Ou plus classique comme le magnifique schooner « Elena of London ». Il y a aussi « Rebecca » que j’avais photographié à New Port en 2010 !

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Ils ne sont pas seuls à mouiller dans la rade de Gustavia. D’innombrables yachts et super yachts sont là aussi.

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Pas de doute, on est bien à St Barth !

Dans cette atmosphère très américaine qui n’est pas sans me rappeler Cape Cod et Nantucket, je me sens dans mon élément. Avec un curieux sentiment de culpabilité car je n’oublies pas que les 1% les plus riches du Monde sont en parti responsables (volontairement ou involontairement) de ce qui ne tourne pas rond sur la planète. J’ai moi aussi ma part d’hypocrisie. Je suis un être humain après tout.

La bonne humeur de mes amis et les sourires des jolies filles que je vais croiser vont vite me faire oublier ma conscience politique et je vais pouvoir me concentrer sur mes prises de vues qui s’annoncent difficiles pour moi, puisque je n’ai pas pu récupérer mon appareil photo et que je devrais me contenter de l’appareil de prêt qui n’est pas vraiment adapté à ce type de reportage. C’est d’ailleurs en utilisant le Pentax 645 D que je vais prendre conscience des progrès que Pentax à fait avec le 645Z. C’est un peu le jour et la nuit. Et là, je me retrouve dans la nuit…

Le vendredi matin, nous voici avec Pierre prêts à embarquer à bord du bateau presse. Cette année, ce n’est pas un tender confortable mais… un bateau de pêche ! une saintoise avec ces deux marins sympathiques. William, originaire de St Barth, connaît tout de son ile et a très envie de nous faire partager sa passion de son métier. En plus il a l’air de s’y connaitre assez bien en voile, ce qui nous facilite la tâche pour bien nous positionner. A bord il y a aussi la joyeuse Ingrid Abery, une photographe anglaise qui s’est spécialisée en photos de régates, Katarina Baliova, une artiste photographe très talentueuse basée à Londres, et Sandra Gâche, photographe de St Martin. Il y a aussi Ed, un américain qui prend des photos panoramiques avec un Sony alpha et qui n’est autre que ce gars qui s’était pris la roue d’un avion sur la tête pendant un atterrissage (article).

Cette année, il n’y a pas beaucoup de vent. Nos images seront donc moins impressionnantes que ce que mes confrères avaient pu faire les années précédentes. Mais il fait beau, et de toutes façons, pour moi, c’est une première expérience de ce type de régate, alors je suis HEUREUX !

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Au bout de deux heures en plein cagnard, je sens que le mal de mer commence à monter. Je me suis mal positionné sur le bateau, un peu trop à l’avant, dans un recoin inconfortable, et j’ai mal géré mon temps passé dans le viseur de l’appareil photo. Alors forcément… une bonne envie de vomir ne tarde pas à se faire sentir. Je préviens les autres : « attention, je vais dégueuler », je passe la tête par dessus bord en priant pour que personne n’ai eu l’idée de me prendre en photo, et j’expulse mon petit déjeuner. Ouf, ça va mieux. Le mal de mer a disparu aussitôt et nous voilà repartis pour la suite de la régate.

Je suis entouré de photographes tous équipés en Canon 5 D MIII avec des cadences de prises de vues en rafale. Moi je suis au coup par coup avec mon moyen format. C’est assez drôle d’entendre le claquement des obturateurs et le mien au milieu, lent, lourd, tel un pachiderme.

Mais je sais au fond de moi, que la qualité du capteur moyen format donnera peut-être un petit plus à mes images. De la profondeur, du détail, bref des petites choses subtiles que je me sens bien seul à percevoir aujourd’hui, au milieu de ces masses d’images filtrées et instagrammées à mort et partagées par milliards sur les réseaux sociaux. Tans pis, je poursuis ma route comme si de rien n’était, résigné à travailler , même « à titre posthume » comme dirait l’ami Tom Perrin 🙂

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Toutes mes photos sont sur ce lien.

Cette première manche se termine et je pense déjà à celle de demain. Je choisi de varier l’angle de prises de vues et de ne pas embarquer dans le bateau presse le lendemain. Je resterai à terre, dans les hauteur de l’ile, afin de capturer les voiliers avec plus de recul. Et puis, on nous a promis en fin de régate un superbe show aérien. En effet, des passionnés d’aviation de la seconde Guerre Mondiale sont arrivés du Texas avec bombardiers et chasseurs tous droits sorti des Têtes Brûlées. Ils vont d’abord faire des passages bas au niveau de la piste d’atterrissage, puis nous présenter leur show au milieu des navires venus se mettre à l’ancre devant le Fort de St Barth. Pierre a pris son impressionnant 600 mm. Mais les conditions sont médiocres. Nous sommes en contre jour et les avions passent trop loin. Tout le public est déçu. Quant à nous, les photographes, on se dit qu’on aurait mieux fait d’aller à la plage… Heureusement, nous garderons un bon souvenir des passages bas au dessus de la piste.

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Dimanche, dernier jour de la régate, j’embarque à nouveau avec Pierre sur le bateau presse. Nous saisissons quelques belles images des navires sous spi, quand soudain, l’inespéré se produit : une baleine se met à faire des jump entre les bateaux. Je parviens à capter la baleine en train de sauter à côté d’un voilier sur le spi duquel est dessiné… une baleine !

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Je complèterai mon reportage par des photos de nuit du Port de Gustavia et j’en profiterai même pour retrouver par hasard, une copine de Dakar que je n’avais pas revu depuis presque 20 ans…

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Ainsi s’achève mon troisième séjour à St Barth en un an. Retour en Guadeloupe, où je dois passer encore quelques semaines avant de revenir dans mon petit paradis : le Bassin d’Arcachon ! Je ne manquerai pas d’amener soleil et chaleur dans mes bagages (en espérant qu’ils n’aient pas inventé une nouvelle taxe là dessus d’ici là !)…

 

Pour voir toutes mes photos de la Bucket c’est ici !

 

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