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Le Salon de la Photo 2019

La dernière fois que j’y suis allé c’était en 2012 et j’avais été un peu déçu. Depuis que la journée consacrée aux professionnels a été retirée, ce salon a pris un caractère « tout public » qui rend un peu difficile l’accès aux stands pour les photographes pros.

Cette année, j’avais vraiment envie d’y faire un tour car j’avais la possibilité de m’y rendre le dernier jour, qui plus est un jour férié, donc moins fréquenté. C’était une occasion de recroiser des confrères et de rencontrer quelques responsables de marques dont certains produits ont attiré mon attention.

Et parmi ces marques il y a Fuji qui vient de sortir son moyen format hybride 100 millions de pixels que j’ai eu la chance de tester en prises de vues aériennes il y a deux semaines (lire mon article complet en cliquant ici). Coup de bol, sur le stand de Fuji, le célèbre photographe de guerre Eric Bouvet, ambassadeur de la marque, animait une conférence passionnante sur sa vision de la photographie de reportage. J’ai toujours admiré ce photographe que j’avais découvert quand j’étais un jeune photographe de l’Armée de l’Air à Dakar et que je rêvais de devenir grand reporter. J’ai eu la chance de le rencontrer dans ma galerie l’été dernier et de pouvoir échanger un peu avec lui. Sa conférence, illustrée par quelques unes de ses plus belles photos était passionnante. Il fait partie de cette génération de photographes qui a développé sa carrière à la bonne époque de la « pelloche » argentique, de l’absence des réseaux sociaux et même d’internet. Une époque où la valeur des photos était mieux reconnue et leurs auteurs mieux respectés (aussi mieux payés !).

Je retiendrai de sa présentation quelques phrases en particulier :

 » N’utilisez pas le mode rafale, concentrez vous et ne déclenchez qu’une fois »

 » Je m’interdit toute retouche et je shoote en jpeg « 

 » Une bonne photo est une photo qui oblige à se poser des questions « 

 » Je ne connais pas de bon photographe heureux car un bon photographe est forcément toujours insatisfait »

Je devais aussi profiter de ce passage au Salon pour aller récupérer mon prix offert par Dassault Aviation pour ma deuxième place au concours de la FOSA pour ma photo du Rafale en pleine évaporation prise au meeting de Cazaux. Une photo que j’ai réalisé avec mon Fuji XT2 et un 100-400 stabilisé hyper efficace. Pour la petite histoire c’est sur le stand Nikon que je suis allé récupérer mon prix… j’avoues que c’était un peu embarrassant 😉

Si vous êtes venus à la galerie et que vous êtes passé derrière mon bureau vous avez certainement remarqué que je travaille avec une petite tablette graphique Wacom. Cela fait plus de 10 ans que je n’ai pas touché à une souris. Je ne pourrais pas me passer de la fluidité et du caractère intuitif d’un stylet. Et bien sur le stand Wacom j’ai pu tester l’écran-tablette de 32″ Cintiq Pro et j’ai adoré ! vous la verrez certainement à la galerie dans les mois à venir 😉

Le Salon c’est une bonne occasion d’aller rendre visite à l’équipe du magazine Profession Photographe qui se démène toujours pour nous défendre dans un climat parfois anxiogène pour notre profession. D’ailleurs cette année la start-up française très controversée Meero, qui vient de lever près de 300 millions d’euros pour son concept visant à exploiter les photographes en disruptant leur métier par l’uberisation, a osé prendre un stand à quelques mètres de là ! stand qui heureusement avait l’air bien désert… Tout comme je l’avais annoncé pour la start-up bordelaise Shoot 4 Me, je prédis une belle faillite à Meero dans les 2 à 3 ans à venir. Ce modèle économique qui tente de tirer profit de la précarité des photographes débutants en les entrainant dans la spirale infernale du low cost ne peut pas fonctionner. Lisez cet article pour mieux comprendre.

Et dire que la photographie est une invention FRANÇAISE ! …

sur le stand du magazine Profession Photographe de gauche à droite : Stéphane Scotto, Bruno des Gayets, Pascal Quittemelle, Didier Charre, Michel Riehl et Thierry Lepsch

Non loin, une autre start-up, bien moins prétentieuse et pour le coup utile pour les photographes, m’accueille pour des explications approfondies. J’avais repéré Prodibi qui propose une solution efficace pour héberger nos photos sur nos propres sites avec une résolution de haut niveau mais un poids plume. Il suffit de s’abonner à la newsletter de Prodibi pour comprendre qu’on a tout de suite affaire à des gens qui comprennent les photographes et qui travaillent au service de la qualité. Leur technologie m’intéresse et je dois me pencher sérieusement sur la faisabilité technique de passer par leurs services.

Je vais aussi passer un peu de temps sur le stand de la célèbre marque de papier photo Hahnemühle. J’ai vu que le photographe Pascal Bourguignon avait récemment vanté le rendu du papier à base d’agave et j’avais envie de toucher ce papier naturel. Je n’ai pas été déçu par la diversité de la gamme. J’ai d’ailleurs été formidablement renseigné par une hôtesse qui connaissait bien son sujet et je suis reparti avec quelques échantillons. Je vais étudier de près la possibilité de proposer des tirages de mes photos sur ces beaux papiers à la Galerie.

En passant par le stand du magazine Compétences Photo j’assiste à une conférence de mon avocate, Maître Joëlle Verbruge.

Mâitre Joëlle Verbruge pendant une de ses conférences sur le droit en photographie

Puis, je visite une expo qui me permet de découvir un superbe tirage au charbon d’une photographie noir et blanc extraite de la série « Rivers & Falls » du photographe américain Adam Katseff. La vision et l’esthétique qu’il a développé autour du paysage en travaillant à la chambre est très intéressante. Il y a dans cette expo des tirages en très grands formats de photographes contemporains reconnus et côtés mais je suis surpris de constater que la qualité technique ne suit pas toujours. Il semble que certaines de ces oeuvres auraient nécessairement dû être réalisées en moyen format ou à la chambre afin que la netteté dans les détails soit irréprochable. Or ce n’est pas toujours le cas. Je trouve que c’est un peu du foutage de gueule et que les galeries qui ont tendance à snober la photo de paysage figurative feraient bien parfois de faire profil bas.

La journée est vite passée et il est temps de quitter le salon pour rejoindre mes amis de Dakar dans une brasserie parisienne pour évoquer nos vieux souvenirs. Demain ce sera le retour sur le Bassin. Au revoir Paris, une ville où je suis né et où j’ai grandi mais que j’ai aujourd’hui bien du mal à apprécier…

L’année prochaine je me ferai violence pour aller aussi faire un tour à Paris-Photo et PhotoFever.