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Festival Photo de Bellême

Le photographe Stéphane Scotto présente son exposition au Festival de Bellême

Un week-end riche en rencontres et en expositions

La route était longue, pluvieuse et venteuse (tempête Miguel) pour se rendre dans le joli petit village de caractère de Bellême dans le Perche (Normandie) mais cela en valait la peine. J’étais en effet invité à participer au Festival Photo sur le thème « L’eau, la mer et les océans » aux côtés de 10 autres photographes talentueux. J’avais choisi de ne présenter que mes dernières photos aériennes du Bassin d’Arcachon afin de rester en concordance avec mon livre, car il y avait aussi un salon du livre auto-édité, mais également pour coller avec ma sélection en finale du Concours des Photographies de l’Année dont les résultats ont été annoncés lors d’un grand diner dès vendredi soir.

Malheureusement pour moi, ma photo « Arbre Généalogique » n’a obtenu que la troisième place dans la catégorie « paysage ». Et donc, pour la quatrième fois consécutive je ne serai pas lauréat. Je n’ai pas l’hypocrisie de vous dire que je ne suis pas déçu car forcément je le suis. Cette année, j’y croyais vraiment. Et je ne pourrais pas non plus vous dire que ce sera pour la prochaine fois car si j’ai bien compris, il n’y aura pas de prochaine fois. L’organisateur du concours nous l’a annoncé : c’était la dernière édition, il souhaite arrêter. Trop de polémiques au sujet du jury et des résultats.

Les photographes sont avant tout des artistes, donc des gens sensibles, émotifs et susceptibles, qui manquent parfois de confiance en eux, et c’est donc naturellement qu’ils réagissent à leurs échecs, parfois avec manque de tact. Les réseaux sociaux se chargent du reste… Pour l’organisateur qui se donne à fond pour cet évènement et avec des moyens assez réduits (puisqu’il faut bien le dire: les sponsors sont peu nombreux), cette année ce fut « too much » et il a donc pris une décision radicale. J’ai bien essayé de le convaincre que cela valait le coup de continuer et qu’il fallait juste faire quelques ajustements. Notamment, peut-être revoir les critères de sélection des membres du jury et établir un système de notation par points (originalité, maitrise technique, émotion, rapport au thème). Je veux croire qu’il y réfléchira, que le temps apaisera sa déception et que nous nous retrouverons l’année prochaine pour une nouvelle édition. Nous sommes très nombreux à être conscients de l’ implication de Pascal Quittemelle pour notre profession, au travers du concours mais aussi du magazine Profession Photographe, du salon du livre et du Festival de Bellême qui n’en n’ait qu’à ses débuts. C’est cela avant tout qu’il doit retenir et non les réactions parfois excessives, les petites phrases assassines et les hypocrisies dont nous sommes tous coupables à un moment ou à un autre et qui font partie du folklore du petit monde de la photographie. Il faut prendre du recul et surtout de la hauteur, retenir uniquement les critiques constructives et avancer 😉

Après cette grande et belle soirée, pendant laquelle un prix d’honneur a été décerné par la SAIF au célèbre photographe Jean Gaumy, peintre de la Marine et académicien, une bonne nuit de sommeil devenait nécessaire avant de s’attaquer aux étapes suivantes de ce week end photographique en Normandie : le Salon du livre auto-édité et bien sûr le Festival Photo de Bellême !

2ème jour : Salon du livre et Festival

Le lendemain matin, la pluie a enfin cessé et nous voici tous en train d’installer nos livres sur nos grandes tables. Le photographe animalier Grégory Pol est arrivé tout droit d’Andernos après une expédition aux iles Kergellen. Jeanne Taris, photojournaliste spécialisée dans la photo humaniste et qui vit à l’année au Cap Ferret est là aussi (elle termine deuxième de la catégorie Humaniste cette année). Nous sommes donc trois photographes du Bassin présents à Bellême. Nous avions apporté des huîtres et avons donc improvisé un véritable bar à huitres. Le très réputé photographe Guy Le Querrec s’est régalé et nous nous sommes régalés de son sens de la répartie 🙂

Beaucoup de partages d’expériences entre nous et l’envie d’acheter tous les livres des confrères et consoeurs. J’ai été particulièrement séduit par le livre du photographe Julien Gérard qui a « commis » un travail en drone au dessus du Bénin assez remarquable. Moi qui critique les drones pour la photo j’avoues avoir été bluffé. Mais il est vrai qu’au Bénin la réglementation est moins contraignante et que cela lui a donc permis d’explorer ce territoire à sa guise. Son talent et son regard sur ce pays qu’il connait bien a fait le reste. Du coup, comme le veux la tradition, nous avons échangé nos livres.

Les photographes Julien Gérard et Stéphane Scotto échangent leurs derniers livres

Ce week end m’a également permis de beaucoup discuter avec Grégory Pol dont le parcours professionnel est une grande aventure. Ancien plongeur de la Marine Nationale, ayant été en missions à l’étranger dans des coins « chauds » c’est aujourd’hui le froid des terres australes qui semble l’attirer 😉 Spécialisé en photographie animalière il commence à être reconnu dans la profession ce qui est mérité quand on voit la qualité de son travail. Comme il vient de s’installer sur le Bassin et que le courant est bien passé, nous allons être amenés à se revoir et peut-être, qui sait, à collaborer ensemble 😉

Fujifilm avait dépêché sur place son équipe commerciale qui était venue avec l’ensemble de sa gamme et notamment le tout nouveau moyen format Fuji GFX 100 (100 pour… 100 Millions de pixels !!!). J’ai pu le prendre en mains et j’ai aussi beaucoup discuté avec le photographe aérien Pascal Bourguignon, ambassadeur de la marque. Il se peut que je quitte Pentax dont la gamme d’objectifs pour le 645 Z est trop réduite et le service communication inexistant pour poursuivre mes aventures photographiques à bord du vaisseau Fuji dont l’équipage me semble plus dynamique. D’ailleurs j’ai déjà un XT2 qui me sert de deuxième appareil et avec lequel j’ai pris les photos de cet article.

Stéphane Scotto prend en main le tout nouveau Fuji GFX 100 (100 Millions de pixels)

Comme un pied de nez à la modernité du numérique, Didier Leplat était là avec son fidèle « trombinotron » et nous sommes tous passés sous les flashs pour immortaliser notre tronche et je crois que c’est le plus beau portrait de moi que j’ai jamais eu. Merci Didier.

Le beau temps étant revenu nous avons pu inaugurer notre exposition « L’eau, la mer et les océans » en présence du public et du maire de Bellême. Ce fut une déambulation dans le village allant d’expos en expos et chaque auteur présentait son travail. Pour ma part j’avais choisi de n’exposer que mes dernières vues aériennes du Bassin. J’ai pris le temps de les expliquer une à une et bien sûr, je n’ai pas manqué de m’attarder sur la problématique du Wharf et des eaux usées. C’est dans ces moment que je me rend compte à quel point la grande majorité des citoyens ne savent pas ce qu’il en est de leurs eaux usées et de leurs déchets. On dit souvent que si les mangeurs de viande assistaient au spectacle de l’abattoir ils n’en mangeraient plus, et bien je pense que si les citoyens savaient comment sont traitées et rejetées leurs eaux usées, ils feraient plus attention aux produits chimiques qu’ils consomment mais aussi à leurs mégots de cigarette, au plastic et autres merveilles que nous savons produire.

Mais j’ai surtout présenté au travers de mes photos les merveilleux décors du Bassin d’Arcachon, un voyage autour du monde presque en soit. Comme la plupart des photos aériennes ont un caractère abstrait il fallait les raconter et comme je suis bavard, cela a pris un peu de temps 😉

Que ce soit les magnifiques paysages en noir et blanc de Stéphane Delpeyroux où le temps semble s’être arrêté, les photographies animalières de Grégroy Pol, le témoignage sur le dur métier de marin pêcheur par Frédéric Briois, les plongées dans le monde du silence de Franck Seguin, les tempêtes bretonnes de Benoit Stichelbaut, les évasions minérales de Christian Vallée, le regard de Patrick Landmann sur le transport maritime, la contemplation aérienne du Bénin par Julien Gérard, et enfin les évaporations et leurs diverses représentations dans la nature par les compères Didier Charre et Michel Riehl, le thème de ce Festival a permis de varier les plaisirs et d’étonner le public.

L’exposition reste visible jusqu’au 2 septembre 2019.

La cerise sur le gâteau

Si je n’ai obtenu que la troisième place au concours, mon lot de consolation fut pour moi d’avoir vendu sur place le deuxième exemplaire de « Arbre Généalogique » en 90×120 tirage subligraphie et caisse américaine en orme massif. Cette photographie a fait deux heureuses et elle reste à Bellême ce qui est aussi une belle satisfaction pour moi.

Pascal Quittemelle, organisateur de l’évènement et les deux heureuses acquéreurs de l’Arbre Généalogique.

Je tiens à remercier Pascal Quittemelle et toute son équipe pour l’organisation et l’accueil ainsi que les habitants de Bellême et surtout les commerçants qui ont été adorables avec nous. Ce fut un très beau moment de partage avec les confrères et consoeurs et de belles rencontres. Rendez-vous à Bellême peut-être l’année prochaine pour une nouvelle édition du Festival et je l’espère du Concours des Photographies de l’Année.