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Mais que c’est-il donc passé hier soir au cinéma de La Hume après la projection du film documentaire de Jean-Paul JAUD…?
A ma grande surprise la salle était comble. C’est la première fois que je voyais la queue devant ce petit cinéma de quartier peu connu des habitants de Gujan Mestras. Preuve que beaucoup de familles se préoccupent de la qualité de leur alimentation.
L’équipe Municipale est là. Une rencontre-débat avec la coordinatrice des AMAP (1) en Gironde et un jeune agriculteur bio a été organisée par la dynamique Amélie de la Charte Ecologique de Gujan Mestras.
Le film démarre. Dès les première images, on entre dans le vif du sujet : environnement, pesticides, maladies en tout genre, malformations, cancers… jamais une génération n’avait autant été touché par les conséquences d’une alimentation non-réfléchie. Le film est long mais on ne s’ennuie pas. On est ahuris par ce que l’on apprend, ému par les témoignages de parents dont les enfants sont atteints de cancer, et toujours ces images effrayantes d’agriculteurs équipés de casques de cosmonautes en train de répandre leurs pesticides sur leurs vignes, leurs légumes, leurs fruits… ceux que nous allons manger. Comment ne pas être admiratif pour ce maire de Barjac dans le Gard, qui a eu cette volonté de faire passer la cantine scolaire en bio ? et d’avoir ainsi, par le biais des enfants, converti au bio l’ensemble des habitants de sa commune !
Le film s’achève. Silence dans la salle. Il faut se remettre de tout ça. Difficile d’encaisser qu’on a ingurgité toute cette pollution chimique pendant des années et que l’on continue à le faire. Difficile d’envisager, là maintenant, que le pourcentage de chance d’avoir un cancer à 40, 50, ou 60 ans, est quasiment de 100 %.
Je réalise que pour ma génération le mal est fait et qu’il sera difficile de réparer. Mais alors ? ne peut-on rien faire pour les enfants d’aujourd’hui et de demain ? C’est là tout le débat.
Et c’est justement ce qui va arriver. La parole est donnée à Elisabeth Rezer Sandillon, ancienne des Verts, désormais adjointe à la mairie de Gujan au côté de la maire-sénatrice UMP Marie Hélène Des Esgaulx, alias MHDE.
« Qui veut prendre la parole » ?
Une main se lève dans le fond de la salle. C’est celle de Vital Baude du parti des Verts. Il se saisit du micro et annonce la couleur : « comment envisager un débat ce soir alors que MHDE a voté dernièrement la loi sur les OGM ? »
Malaise dans la salle. Silence de mort. Mme Sandillon semble déjà dépassé et cherche une solution dans le regard de MHDE, assise là au premier rang, regardant vers le plafond. Pas de réaction.
La jeune coordinatrice des AMAP 33 n’est pas à l’aise non plus. Elle n’est pas d’ici et découvre le climat politique du Bassin, plus polluant que n’importe quel pesticide… elle tente de recentrer le débat et présente Didier, ce jeune agriculteur bio qui voudrait bien trouver un petit bout de terre sur le Bassin Sud pour proposer ses produits bio à une soixantaine de familles. Il témoigne: » le foncier est inabordable, je n’arrive pas à trouver, c’est trop cher, et en plus, comme je ne suis pas d’ici, il faut que je puisse me loger… »
Je réalise alors que sans une intervention municipale, ce jeune agriculteur ne pourra rien faire pour nous sauver de notre turpitude alimentaire qui nous conduit à coup sûr vers la maladie, la dépression, la mort tout simplement.
Une maman, qui est venu d’Andernos avec ces deux jeunes enfants, se lève et s’adresse à tout le monde : « j’ai fait le choix de ne consommer que du bio et d’éduquer mes filles dans cet état d’esprit. Nous sommes venus d’Andernos pour voir ce film et assister à ce débat. Je soutiens à fond les agriculteurs et les commerces bio. C’est possible de le faire ! »
La salle applaudit.
Les questions et réflexions commencent à fuser. Des parents d’élèves de Gujan s’adressent à MHDE : « comment se fait-il que les repas de la cantine de nos enfants viennent tous les jours de… Dax ??? »
Réponse embarrassée de Mme Sandillon : « euh… il y a eu appel d’offre et c’est cette société qui l’a emporté » et, dans un ultime effort, comme pour s’acheter une bonne conduite: » nous allons exiger dans un prochain appel d’offre, que le pain soit produit sur place… »
Mais alors, pourquoi ne pas aller plus loin dans la démarche ? pourquoi ne pas faire comme cette commune de Barjac ? pourquoi ne pas créer une cuisine bio au sein de la COBAS (2), plutôt que de faire venir des repas tous les jours d’une société située à 200 km ?
Réponse de Mme Sandillon: ce n’est pas dans les attributions de la COBAS.
Et pourtant, lance un jeune père de famille, : « la construction des écoles sont dans les compétences de la COBAS ! »
Ca y est, nous y sommes, dans le vif du sujet. Il ne s’agit plus là ce soir de savoir comment nous procurer notre petit panier de légumes bios, mais bien de remettre en question tout un système de gestion de cantines scolaires abrutissant et destructeur !
Je sens venir l’argument du manque de moyens alors je prends la parole à mon tour et je m’adresse à MHDE : » comment pouvons nous accepter que des millions d’euros de NOTRE argent soient dépensés sans scrupule dans des conneries (9 millions d’euros pour une cale à bateau pour yatch Couach de 50 m au port de Larros, 1 260 000 euros pour une campagne de com débile – « trouvez votre point G » – pour promouvoir la Gironde, et j’en passe !) alors que rien n’est fait pour aider ce jeune agriculteur dans sa démarche et que nous donnons de la merde à bouffer à nos enfants ?!
MHDE me regarde mais ne me répond pas, mais je sais qu’au fond d’elle, elle doit commencer à se poser des questions. Elle doit bien sentir tous ces gens dans la salle qui ne comprennent pas et ne veulent plus accepter toutes ces absurdités politico-économiques qui nous conduisent peu à peu à la déchéance.
Le débat se termine. Il est tard. Chacun rentre chez soit, y compris MHDE, qui, je l’espère, en aura retenu, non pas l’agressivité de certains (dont moi), mais le raz-le bol, l’appel au secours, car se sont bien nos élus qui peuvent changer les choses.
L’argent il existe, il est là, dans les caisses de l’Etat, des régions, des communes, des communités de communes ; la prise de conscience elle est là aussi et elle se développe à toute vitesse ; il ne manque plus que la VOLONTÉ POLITIQUE.
(1) AMAP: http://www.amap-aquitaine.org
(2) COBAS: http://www.agglo-cobas.fr
Excellent commentaire Jérôme !
Excellent.
Je regrette de n’avoir pu assister à cette soirée. Avec des politiques qui n’ont aucune notion de l’avenir. Si ce n’est le leur (politique). Pourtant la declaration est bonne, tel un étendard » Penser loin, agir vite ». Que diable, qu’attendent-ils, mis à part leurs émoluments. A Gujan c’est tout le contraire. Seul le sonnant et le trébuchant comptent. Le dernier exemple est la journée propposée par le SIBA, enfin une initiative environnementale, il était temps me direz vous, peu importe, l’acte est là. Mais quelle errreur de casting avec des associations/lobbying qui en effet ce jour, se partageaient vraiment l’eau (« L’eau en partage »). Comme si ce trésor de la Nature visible sous les 3 états physiques, était un butin que l’Homme s’approprie. Non, non et non. Ce bien hydrique précieux, l’Homme en herite, il le transmet aux generations futures. Tel devrait être son credo. « L’eau en héritage »
Pour cela, ville de Gujan ne manque pas d’arguments avec une polderisation exponentielle du domaine publique maritime, de la frange littorale, malgré l’exhaussement des fonds. Ah là, sur l’autel du roi euro, l’action est prompte, et la reflexion affligeante.
Ces politiques-là, ils oublient tout simplement qu’ils sont constitués à 65% d’eau
Bravo pour cet article. A la Mairie de Gujan-Mestras, Il ne suffit pas de monter en épingle une charte de l’environnement et du développement durable pour que tout aille pour le mieux. C’est d’autant plus vrai que Mme le Maire agit au contraire des intérêts de sa commune. Elle dit qu’il ne faut pas déposer les déblais de dragage sur les prés salés, puis quelques temps après, donne un avis favorable à la préfecture… Ainsi, Mme le maire autorise le saccage des prés salés, classés en zone à préserver par le PLU et protégés par la Loi Littorale. A quoi servira sa charte ? Quels sont les projets pour favoriser les déplacements en commun et en vélo, pour favoriser le maintien de zones vertes ? Ce n’est pas en mettant des bosses et en aplanissant les routes pour les voitures individuelles que nous préparons l’avenir.
J’adhère entièrement à ces témoignages. Ajoutons qu’à Gujan Mestras le summum du non développement durable est atteint par la construction d’une cale qui devrait servir à mettre à l’eau des bateaux de + 50 m qui ne seront jamais construits ou si peu. Cette cale NOUS coûte 9.2 millions d’Euros et du fait de sa pente trop faible ne pourra pas être utilisée par d’autres. La construction a nécessité de saccager au-delà de la tolérance des prés-salés d’une grande richesse biologique pour y mettre les boues provenant du dragage du chenal. Sous prétexte de 150 emplois, le Conseil général a subventionné une entreprise dont les bénéfices partent au Luxembourg, dont le propriétaire habite en Suisse et qui refuse de mettre la main à la poche pour renflouer son entreprise et compte sur les banques (et certainement encore les con-tribuables) qui tergiversent. Les employé-e-s s’interrogent sur leur avenir plutôt sombre. Tout cela pour un projet socialement, économiquement, environnementalement contraire au développement durable. Et pourtant ce n’est pas faute de l’avoir dit.
« Au plan municipal on ne fait pas de politique ! », ritournelle assénée à tour de bras par la Sénatrice – Maire UMP. Penser global, agir local, tout est politique dans les choix, les priorités et la société que l’on veut bâtir. Les faits sont têtus, le principe de réalité rattrape les illusionnistes, hier fervents défenseurs d’idéaux, aujourd’hui courtisans à la botte au nom de la « real-politique » et moyennant un chèque en fin de mois. Toutes les idées républicaines sont respectables et chacun a le droit d’en changer. Encore ne faut-il pas mentir et agir au Sénat ou au conseil municipal à l’inverse de ce que l’on prétend défendre. pg33bassin@gmail.com
J’ai vu le film à Saint Médard en Jalles (sans débat), bouleversant de vérité mais enrichissant de solutions. Quant au débat que vous avez eu à Gujan-Mestras…, je comprends qu’il ait pris cette tournure…
Les crises financière, environnementale, sociale et énergétique éclatent en même temps. Ce bouquet donne une crise politique où les solutions sont tout simplement écologiques et tout le monde s’en rend compte maintenant. Et c’est pourquoi les élus de tous bords font beaucoup d’effets d’annonce concernant l’environnement et cherchent à s’approprier les valeurs des écologistes mais ne mettent pas les actes en face de leurs paroles. Pour se donner bonne conscience, les agendas 21 (concept des écologistes) ou conseils de développement durables sont repris dans les collectivités par ceux-là même qui saccagent notre environnement (OGM, pollution du bassin…) juste pour faire croire qu’ils sont à l’écoute des administrés alors qu’il ne s’agit que de captiver l’électorat. Mais ils cachent mal leurs agissements grâce à des gens comme vous qui savez les démasquer. Non, les collectivités ne doivent pas faire semblant de faire de l’écologie car il y a urgence et la tromperie rajoute du retard dans l’urgence ! Merci pour ce que vous faites. On a besoin de gens comme vous.
A force de faire le grand écart, on risque l’accident.
Pour la mairie de Gujan-Mestras, l’accident est arrivé le soir de la projection “Nos enfants nous accuseront”
D’un coté une communication développement durable avec charte à l’appui et tout le tralala…
Et de l’autre des décisions opposées aux intérêts environnementaux (vote de la loi OGM, saccage des prés salés pour offrir une cale pharaonique à COUACH…)
Merci tout d’abord pour ton intervention ce soir là!
Et merci pour cette article.
Merci pour ce compte rendu et pour ton engagement.
Si le prix d’un futur habitable est la cohérence et l’honnêteté intellectuelle, pour nombre de nos élus, c’est un prix trop élevé à payer.
BRAVO.
Nous avons vu le film malheureusement sans débat à la fin.
Mais même sans intervenant et sans débat, le silence de fin de séance en dit long sur le comportement de chacun.
Reste à agir au quotidien ! en se prenant par la main… et en montrant du doigt ceux qui trichent avec eux-mêmes.
Essayons de ralier notre entourage, pour que les choses bougent.
Je crois que nos enfants l’ont compris ! ils réagissent !
c’est un merveilleux article. MERCI.
bravo pour ton courage. tu as l’avantage de connaitre parfaitement le sujet et le bassin, mais également celui d’être un parfait intervenant. Tout le monde n’est pas capable d’avancer les bons arguments comme tu le fais. c’est pourquoi nous avons besoin de toi, de ton travail, de ce blog.
En effet les choses risquent de bouger. et tout le monde ne sait pas comment est investi l’argent du contribuable, c’était donc bien que tu avances ces arguments.
pour info ce film est diffusé également au cinéma de la Teste.
CH